Dossier. Condamnation de Nicolas Sarkozy : comprendre le jugement, balayer l’emballement
La rédaction des Surligneurs
Éditorial : Etienne Merle, rédacteur en chef des Surligneurs
Cinq ans ferme et exécution provisoire : Nicolas Sarkozy a été condamné. Va-t-il aller en prison malgré son appel ? Que disent exactement les juges ? Pour éviter la confusion, Les Surligneurs publient le jugement intégral et en décryptent les enjeux.
Il y a de quoi être inquiet. Très inquiet. Et pourtant, la condamnation d’un ancien chef de l’État à cinq ans de prison ferme aurait pu nous réjouir. Non pas qu’un homme, fût-il au sommet de l’État, soit condamné pour avoir, avec deux de ses plus proches collaborateurs, trempé dans des affaires avec une dictature parmi les plus brutales de son époque, mais parce que la justice, elle, tient bon.
Un ancien président et ministre de l’Intérieur est jugé comme un justiciable ordinaire. Pour une faute d’une particulière gravité, il reçoit une peine sévère. Il la conteste, il fait appel, il y aura un second procès, comme chacun y est autorisé. C’est cela qui aurait pu nous réjouir : le droit s’applique à tous, sans privilège.
Mais nous ne nous réjouissons pas. Car à peine le jugement rendu, une partie de la presse s’est jetée sur les éléments de langage de Nicolas Sarkozy et de son entourage pour les recracher tels quels, comme s’il s’agissait de faits. Attaque des juges, attaques des journalistes : tout est bon dans la diversion.
Europe 1, Le JDD, Le Figaro, et d’autres encore. Sous couvert d’analyses, certains éditorialistes piétinent les faits. « Condamnation sans preuve », « presque relaxe », « violation de l’État de droit ». Un florilège d’inepties, entendues ou lues. Tantôt reprises sans le moindre contradicteur quand elles sont prononcées par les proches de Nicolas Sarkozy, tantôt assumées directement par ceux qui devraient, au contraire, rappeler le droit et les faits.
Alors quoi ? Soit ils n’ont pas lu le jugement : faute professionnelle. Soit ils l’ont lu et taisent ce qu’il dit : pire encore. On aime crier gare aux complotistes, aux ingérences russes et à leur menace pour la démocratie. Mais on refuse de voir qu’une partie de la presse devient elle-même machine à désinformation. Et il n’y a rien de réjouissant.
Condamnation de Nicolas Sarkozy : ce que signifie la peine, ce qui va suivre

L’ancien président français Nicolas Sarkozy quitte le palais de justice de Paris après le jugement de son procès pour financement illégal de campagne. Photo de Julien De Rosa / AFP
Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme pour association de malfaiteurs avec mandat de dépôt à effet différé assortie d’une exécution provisoire. Que signifie cette décision ? Va-t-il aller en prison malgré son appel ? Pour combien de temps ?
Le jugement prouve-t-il que Mediapart a fabriqué un faux document ?

Nicolas Sarkozy assiste au match de football entre le Paris Saint-Germain (PSG) et Auxerre le 27 septembre 2025. Photo : Franck Fife / AFP
Depuis la condamnation de l’ancien chef de l’État dans l’affaire dite du financement libyen, plusieurs internautes affirment que l’enquête aurait été lancée à partir d’un faux document fabriqué par Mediapart. Si des doutes subsistent encore sur la nature exacte de cette pièce, la justice a définitivement exclu toute intention frauduleuse des journalistes.
L’exécution provisoire menace-t-elle vraiment la présomption d’innocence, comme l’affirme Marine Le Pen ?

Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN), s’adresse à la presse à Paris, le 17 septembre 2025. Photo : Alain Jocard / AFP
Au lendemain de la condamnation de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen dénonce une « généralisation » de l’exécution provisoire, qu’elle juge dangereuse pour la présomption d’innocence. Mais ce mécanisme reste une exception prévue par la loi, votée par le Parlement et validée par le Conseil constitutionnel.
Procès Sarkozy-Kadhafi : comprendre comment les magistrats ont jugé l’ancien président

Nicolas Sarkozy, arrivant au palais de justice de Paris, le 20 janvier 2025 pour son procès concernant l’affaire du financement libyen. (Photo : Bertrand Guay / AFP)
[Article du 27 juillet 2025] Alors que s’est ouvert le procès de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des soupçons de financement occulte de sa campagne de 2007 par la Libye, Les Surligneurs détaillent, point par point, les éléments sur lesquels les juges devront s’appuyer pour fonder la condamnation ou la relaxe de l’ancien président.
Lire le jugement dans son intégralité en cliquant ici