Les Surligneurs est un média indépendant qui lutte contre la désinformation juridique.

rubriques
Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, et le patron du parti, Bruno Retailleau, divergent sur la conduite à adopter face au gouvernement Lecornu 2. Crédits : Ludovic Marin / AFP

Divisions chez LR : un millier d’adhérents ont-ils déchiré leur carte du parti ?

Création : 17 octobre 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste

Source : Compte Facebook, le 15 octobre 2025

Alors que Les Républicains se divisent sur la conduite à adopter face au gouvernement Lecornu, un « influenceur politique de droite » affirme que plus d’un millier de militants du parti auraient quitté le navire. « Fantaisiste », répond l’état-major de LR aux Surligneurs.

Le conflit interne chez Les Républicains aurait-il causé une hémorragie de militants ? Sur Facebook, le compte d’un « influenceur de droite » suivi par 27 000 personnes a affirmé, le 15 octobre, que « plus d’un millier d’adhérents LR ont déchiré leur carte ». « Le parti est en train de s’effondrer ! Les délégués départementaux ne savent plus quoi faire », ajoute-t-il. Le 17 octobre, la publication avait été partagée plus de 2 000 fois.

« Wauquiez fait un pont d’or aux socialistes », s’agace un internaute dans les commentaires de la publication. « C’est top ! Le[s] LR remercier[ont] Laurent Wauqiez cette bordille [une ordure, terme utilisé en Provence, ndlr] qui vend son âme au diable pour exister !!! Les électeurs s’en souviendront », fulmine un autre.

La droite divisée

Le jour même, le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, a annoncé que son groupe ne voterait pas la censure du gouvernement de Sébastien Lecornu, soumise au vote de l’Assemblée nationale le lendemain. « Nous nous engageons, conscients des compromis nécessaires, pour que des lois indispensables soient votées », a déclaré le député de Haute-Loire à la tribune de l’Assemblée nationale.

Épargné par la droite, ménagé par le PS contre la promesse de la suspension de la réforme des retraites, l’exécutif a survécu à l’épreuve de la censure. Les deux motions déposées par LFI et le RN ont été rejetées, le 16 octobre, alors que l’examen du budget 2026 doit démarrer lundi en commission des Finances. La quasi-totalité des députés LR n’ont pas pris part au vote. Et ce, malgré la franche hostilité de l’état-major du parti à l’égard du gouvernement.

Opposé au gel de la réforme des retraites, le patron des Républicains, Bruno Retailleau, avait estimé, quelques heures avant la motion de censure, que « la droite ne peut pas accepter » le budget présenté aux députés. Dans sa roue, le numéro 2 du parti, le député européen François-Xavier Bellamy, avait renchéri : « Si j’étais député à l’Assemblée nationale, je voterais pour la censure du gouvernement ».

D’où l’agacement de certains militants, qui goûtent peu la « trahison » des députés LR, comme ils l’écrivent sur Facebook. Assez pour provoquer la fuite de « plus d’un millier d’adhérents » ?

Une « petite centaine » de départs

« Fantaisiste », répond aux Surligneurs le secrétaire général des Républicains, Othman Nasrou, qui « dément évidemment » cette rumeur. « [Il y a] beaucoup de déception et d’incompréhension sur la conduite des choses, mais pas de désertion », abonde Ladislas Vergne, candidat à la mairie de Chartres et ancien secrétaire général délégué du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale.

« Déception » et « colère » des militants constatée également par Jens Villumsen, directeur des fédérations et des élections de LR. Mais le nombre de cessations d’adhésions réel est « contenu à une petite centaine à ce stade, ce qui est marginal », indique l’ancien conseiller communication de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. En septembre 2025, le parti comptait environ 140 000 adhérents, selon un décompte d’Europe 1.

Le conflit n’en demeure pas moins toujours vivace au sein de la droite. D’après L’Opinion, le secrétaire général du parti, Othman Nasrou, a lancé le 17 octobre la procédure d’exclusion du parti des ministres LR. Après le départ fracassant de Bruno Retailleau du ministère de l’Intérieur, le 5 octobre, qui avait conduit à la chute du premier gouvernement Lecornu, le bureau politique des Républicains avait acté la non-participation du parti aux prochains exécutifs.

Six cadres avaient bravé l’interdit : Annie Genevard, Philippe Tabarot, Rachida Dati, Sébastien Martin, Nicolas Forissier et Vincent Jeanbrun.