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Un mécanicien d'un centre de contrôle technique automobile inspecte un véhicule dans un garage du nord de la France, le 4 janvier 2018. Photo : Philippe Huguen / AFP

Contrôle technique 2026 : le vrai du faux sur le prétendu durcissement

Création : 3 octobre 2025

Auteur : Etienne Merle, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste

Source : Compte Facebook, le 23 septembre 2025

Depuis quelques semaines, une rumeur enflamme les réseaux sociaux : le contrôle technique automobile serait durci dès janvier 2026, condamnant des millions de véhicules à l’immobilisation. En réalité, aucune réforme générale n’est prévue, seule une mesure ciblée sur des airbags défectueux pourrait entrer en vigueur.

Vers un carnage annoncé au contrôle technique ? Depuis mi-septembre, des publications diffusées largement sur les réseaux sociaux assurent que le contrôle technique deviendra « une machine à casser les Français » à partir du 1er janvier 2026.

« Le contrôle technique automobile change de visage. Officiellement, il s’agit de « renforcer la sécurité routière et la lutte contre la pollution ». Dans les faits, c’est un véritable coup de massue pour des millions d’automobilistes : le nouveau barème rend rédhibitoires des défauts jusqu’ici jugés mineurs, entraînant un recalage automatique et une interdiction de circuler ».

Ce texte, copier-coller plusieurs milliers de fois sur X et Facebook, reprend un texte initialement publié sur un site militant anti-écologie, qui dénonce une prétendue « dictature verte », comme l’a retrouvé l’AFP.

Des airbags défectueux

La réalité est pourtant tout autre. Aucun durcissement généralisé n’est prévu pour 2026. Le ministère des Transports l’a confirmé à l’AFP : la seule nouveauté envisagée concerne les véhicules équipés d’airbags Takata défectueux, déjà visés par une vaste campagne de rappel mondial.

Ces airbags, responsables de dizaines de morts dans le monde dont dix-huit en France, peuvent exploser lors de chocs mineurs. Un projet de décret, encore en cours d’examen au Conseil d’État, prévoit qu’un véhicule concerné qui n’a pas remplacé son airbag sera recalé dès le contrôle technique et immobilisé jusqu’à réparation, rapporte la presse spécialisée.

Autre rumeur insistante, celle d’un durcissement des seuils d’opacité des fumées ou des rejets de particules dès 2026. « Pollution : seuils d’opacité des fumées et de rejets de particules abaissés. Un diesel Euro 4 ou 5, même parfaitement entretenu, risque de ne plus passer », prétend le message.

Là encore, aucun texte officiel ne prévoit de changements. Les normes applicables aujourd’hui découlent de l’arrêté du 21 décembre 2017, qui a déjà renforcé le contrôle pollution depuis juillet 2019 en imposant une nouvelle norme pour l’opacité des fumées des diesels. Depuis, aucun nouveau décret ni arrêté n’a abaissé ces seuils, et le ministère des Transports n’a annoncé aucune évolution en ce sens pour 2026.

De nouvelles dispositions… qui existent déjà

Par ailleurs, les messages viraux sont trompeurs : ils présentent comme nouvelles des règles qui existent déjà. « Un voyant moteur, ABS ou airbag allumé, même pour une sonde ou un capteur sans incidence immédiate, conduira à un échec automatique », peut-on lire sur les publications.

Or, un voyant moteur, ABS ou airbag allumé peut déjà entraîner une contre-visite, rien ne change à ce sujet, comme le rappelle l’entreprise de certification Derka-Norisko, sur son blog. À cela s’ajoute une confusion avec une proposition de la Commission européenne, qui souhaite instaurer un contrôle annuel pour les voitures et camionnettes de plus de dix ans.

Mais cette idée n’est qu’au stade de projet et n’entrera pas en vigueur avant plusieurs années. D’autant que la France y est opposée. Le ministre des Transports a réaffirmé en juin 2025 que Paris refusait cette annualisation et voulait maintenir la fréquence actuelle de deux ans.

En conclusion, non, le contrôle technique ne sera pas drastiquement renforcé en janvier 2026, contrairement à ce qu’affirment de nombreux internautes. La seule nouveauté envisagée vise à contraindre les propriétaires de véhicules équipés d’airbags Takata à procéder à leur remplacement gratuit, une mesure ciblée et non pas une généralisation faite pour « casser les Français ».