Les informations relatives aux conflits armés postées sur les réseaux sociaux ne sont pas toujours fiables. Dernier exemple en date, la publication par certains internautes, à la mi-novembre, d’une photo montrant les débris d’un aéronef. Selon ces utilisateurs, l’engin serait un drone de modèle CH-4 des forces congolaises, abattu par les forces rebelles du M23 implantées dans la région du Nord-Kivu.

Mais même si l’image a été redimensionnée, il est possible d’en retrouver l’origine grâce à une simple recherche d’image inversée. Le cliché a en réalité été pris en octobre 2020 au Haut-Karabagh, lors du conflit opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan qui se disputaient ce territoire stratégique. L’Arménie, qui avait acquis le contrôle de la zone dans les années 1990, a fini par reconnaître, en 2025, la souveraineté de son rival sur la région, après deux conflits, en 2020 et 2023.

Plusieurs éliminations de drones

À l’époque, la photo montrant les débris du drone apparaît pour la première fois sur les réseaux sociaux officiels des belligérants côté arménien : sur le compte X du centre d’informations du ministère de la Défense arménien, mais aussi, selon la presse locale, sur la page Facebook des forces armées de la république d’Artsakh, le gouvernement autonome du Haut-Karabagh opposé à l’Azerbaïdjan. La page en question a depuis été supprimée, la république d’Artsakh ayant annoncé sa dissolution après le conflit de 2023.

Le drone abattu en 2020 n’est d’ailleurs pas un modèle CH-4, de fabrication chinoise, dont la République démocratique du Congo a effectivement fait l’acquisition, mais un Bayraktar TB2 fabriqué par la Turquie, pays allié de l’Azerbaïdjan. L’Arménie et ses alliés du Haut-Karabagh revendiquaient à cette période plusieurs éliminations de drones appartenant à Bakou.

Signature d’une feuille de route

Autrement dit, l’image postée sur les réseaux sociaux le 11 novembre ne prouve pas que les forces du M23 ont abattu un drone appartenant aux forces congolaises. La diffusion de cette rumeur intervient au lendemain de frappes de drones conduites par Kinshasa contre le mouvement rebelle dans la région du Nord-Kivu, d’après une communication du M23.

Les combats pourraient toutefois bientôt cesser dans cette région disputée en raison de ses riches ressources naturelles. Kinshasa et le M23 ont signé, le 15 novembre, une feuille de route visant à aboutir à un accord de paix, après une première déclaration sur un cessez-le-feu adoptée en juillet, restée lettre morte depuis. L’escalade des violences à l’est du pays a provoqué le déplacement forcé de plus d’un million de personnes depuis le début 2025, selon l’ONU.

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