Crédits : Lionel Allorge (CC 3.0, photo modifiée)

Combien de véhicules sont concernés par la zone à faibles émissions de la métropole parisienne ?

Création : 10 janvier 2025

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Hugo Guguen, juriste

Source : Compte Facebook, le 27 décembre 2024

400 000 ? 800 000 ? Plus d’un million ? Combien de voitures sont désormais impactées par les restrictions de circulations imposées par la zone à faibles émissions (ZFE) de l’agglomération parisienne ? Impossible à dire précisément. La circulation routière ne répond à aucune réalité géographique arrêtée. Explications.

Parmi les nouveautés de l’année, en voilà une qui doit dérouter plus d’un conducteur francilien. Depuis le 1ᵉʳ janvier, la zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand Paris (MGP) — qui ne s’étend pas sur l’ensemble de la Métropole, mais à 77 communes d’Île-de-France — s’est élargie à l’ensemble des véhicules détenteurs de la vignette Crit’Air 3. Soit les véhicules essence immatriculés avant 2006 et les véhicules diesel avant 2011.

Si sur le papier, la mesure semble claire, dans les faits, internautes et médias peinent à définir le nombre précis de véhicules (particuliers et utilitaires compris) concernés par cette extension de la ZFE francilienne.

Quand Le Monde parle de 480 000 véhicules (420 000 voitures particulières et 60 véhicules professionnels), le site spécialisé l’Automobile Magazine évoque lui près du double (842 204), et BFM TV un peu plus de 1,12 million de voitures. Une évolution ascendante qui interpelle. Mais alors, qui dit vrai et qui se trompe ? Personne et tout le monde à la fois.

Un chiffrage difficile et géographique

Et pour cause, désormais, tous les véhicules disposant d’une vignette Crit’Air 3 ou supérieure sont concernés par la mesure, peu importe qu’ils soient parisiens, franciliens, bordelais ou marseillais.

« Tout dépend de comment on considère le parc automobile », appuie Pierre Chasseray, le délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes, par ailleurs fortement opposé à la mesure. « La capitale, comme toutes les autres agglomérations, voit du passage d’automobilistes qui n’y résident pas, mais qui sont, eux aussi, concernés. On a tous des amis qu’on invite, des enfants ou des petits-enfants à qui l’on rend visite. »

Ainsi, en se basant sur le parc automobile national, et les données publiques en libre accès, désormais, près de 29 % des véhicules immatriculés sur le territoire national doivent respecter la ZFE, soit 11,4 millions de véhicules.

Toutefois, cela a-t-il vraiment du sens de quantifier les choses ainsi, sans considérations géographiques ? En suivant cette logique, toutes les voitures de l’Union européenne et de l’espace Schengen, du fait de la libre circulation des biens et des personnes, seraient également concernées…

Si l’on considère que non, reste à déterminer les frontières sur lesquelles se baser. Celles de la ZFE ? De la MGP ? De l’Île-de-France ? Elles sont toutes différentes. Le débat est donc ouvert et conduit à des interprétations et des chiffres nécessairement différents, comme l’a par ailleurs confirmé la Métropole du Grand Paris — la collectivité en charge de la mise en place de la mesure — auprès des Surligneurs.

L’aire d’attraction de Paris

Pour tenter de cadrer le sujet, il est également possible de considérer l’aire d’attraction de Paris : « Le zonage en aires d’attraction des villes 2020 (AAV) est fondé sur l’identification de pôles de population et d’emploi, et sur la délimitation de leur aire d’attraction (couronnes) à partir des trajets domicile-travail », explique l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) sur son site. Géographiquement, celle-ci s’étend légèrement au-delà des frontières de la région Île-de-France, comme le montre une carte de l’ANCT.

En retenant ce zonage et les données de la statistique publique, plus de 1,66 million de voitures, utilitaires et particuliers compris, sont impactées par les restrictions de circulation de la ZFE parisienne depuis le 1ᵉʳ janvier.

Une estimation qui n’a rien d’officiel et qui ne prend pas en compte les trajets « occasionnels » à destination ou en provenance du reste du territoire ou encore des nombreuses dérogations — elles sont 22 — pour les professionnels et les demandes spécifiques.

Aussi, le 16 décembre dernier, le président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier a précisé dans un communiqué de presse la mise en place d’« une période pédagogique d’une année durant laquelle aucune sanction ne sera appliquée ». De quoi suspendre le débat pour quelques mois encore.

 

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