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Une fausse une consacrée à la mort du pape François et attribuée à Charlie Hebdo circule sur les réseaux de propagande russe

Mort du pape : attention à cette fausse une de Charlie Hebdo qui sent bon la propagande russe

Création : 25 avril 2025

Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste

Source : Compte X, le 24 avril 2025

Une fausse une du journal satirique français, Charlie Hebdo, consacrée à la mort du pape et mettant en cause le président ukrainien, circule à partir de comptes de propagande russe, déjà rodés à la pratique. Le journal n’a jamais publié cette une.

Ce n’est pas à eux qu’on donnerait le bon Dieu sans confession. Charlie Hebdo traîne une réputation d’irrévérence telle qu’on pourrait les croire capables de tout publier. Alors, quand une prétendue une du journal satirique circule sur les réseaux sociaux — un pape au teint bleuâtre en fauteuil roulant est poussé par Volodymyr Zelensky vers un guichet de banque pour retirer de l’argent pour l’Ukraine — beaucoup n’y voient que du feu.

Tout y est — date du jour, prix en euros — mais tout est faux. Si le journal a bien publié des caricatures du pape François à sa mort le 21 avril 2025, il n’a jamais publié cette une.

Une fausse une fabriquée de toutes pièces

Sur les réseaux sociaux, les légendes qui accompagnent l’image sont majoritairement en russe et fournissent une description sommaire : « Le magazine satirique français Charlie Hebdo a publié un article sur la mort du pape. Sur la couverture, Zelensky est venu avec le corps du pape à la banque du Vatican et demande de l’argent au défunt : C’est moi, le pape François, veuillez transférer tout mon argent en Ukraine»

Sur la fausse une publiée sur les réseaux sociaux, on distingue le numéro d’exemplaire « n°1710 », ainsi que la date du 23 avril 2025. Or, sur le site du journal hebdomadaire français, l’exemplaire paru ce jour-là ouvre bien sur la mort du pape, mais la une est tout à fait différente. Elle montre simplement une souris coiffée d’une mitre avec la mention : « Le prochain pape sera vraiment proche des pauvres ». Ce numéro est le 1709.

Aucune trace de la caricature avec le président ukrainien n’est visible sur le site de Charlie Hebdo ou sur ses réseaux sociaux. Contactée, la rédaction du canard satirique a confirmé aux Surligneurs que la une en question était bel et bien fausse.

L’image a circulé sur les réseaux sociaux russes

Pour se convaincre du caractère factice de cette caricature, il suffit d’analyser son parcours. On retrouve les premières occurrences de l’image et de la description qui en est faite sur plusieurs chaînes Telegram et sur VKontakte, le réseau social populaire en Russie, à partir du 23 avril 2025, comme le montrent les statistiques sur TGstat.

Les statistiques compilées par l’outil TGStat montrent l’origine russe de la désinformation

 

Ce n’est qu’à partir du 24 avril que l’image a été partagée sur des réseaux sociaux comme X, Facebook ou encore Instagram.

Comme nous l’a confirmé la rédaction de Charlie Hebdo, ce n’est pas la première fois que les réseaux de propagande russe utilisent de fausses unes du journal satirique pour faire croire qu’il soutient la Russie et l’action de Vladimir Poutine. En septembre 2022, la rédaction de Charlie Hebdo avait elle-même publié un article alertant son lectorat sur les fausses unes créées par les Russes.

Cette technique fait partie d’une stratégie plus large des réseaux de propagande russe. En juin 2024, Viginum, le service de protection contre les ingérences numériques étrangères en France, a alerté sur cette campagne de désinformation, dénommée « Matriochka », et qui travestit les codes des médias français ou occidentaux pour atteindre des publics plus larges.

« L’objectif de cette campagne est probablement de décrédibiliser les médias, personnalités et cellules de fact-checking ciblés tout en promouvant des contenus servant les intérêts russes », écrit la cellule rattachée à Matignon.