Capture d'écran Facebook

Cette vidéo ne montre pas Kamala Harris à une soirée de P. Diddy

Création : 1 octobre 2024

Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 29 juillet 2024

Une vidéo de la candidate démocrate à une soirée est utilisée par ses détracteurs pour la lier aux accusations d’agressions sexuelles, de viols et de trafics à des fins sexuelles qui visent le producteur de musique P. Diddy. Sauf que cette vidéo n’a rien à voir avec P. Diddy : ce n’est même pas lui qui est présent avec Kamala Harris sur la vidéo.

La campagne présidentielle américaine n’en est pas à son coup d’essai concernant les fausses informations. Les Surligneurs ont eu l’occasion d’en surligner de nombreuses autour de Kamala Harris, de Taylor Swift ou encore d’Hillary Clinton.

Dans le duel Trump-Harris, tout est bon pour miner son adversaire. Quitte, pour certains Républicains, à rattacher la candidate démocrate à des accusations de crimes sexuels, sans aucune preuve. Et parfois même à falsifier des images.

Une vidéo qui circule montre une jeune Kamala Harris, souriante, aux bras d’un homme et d’une autre jeune femme. La voix off en anglais dans la vidéo explique qu’avant de connaître Doug Emhoff (le mari de Kamala Harris), la candidate démocrate pour la présidence des États-Unis fréquentait des “hommes puissants”, comme Montel Williams, un présentateur de télévision connu au début des années 2000.

Les images sont accompagnées de cette légende : Voici comment Kamala Harris a débuté. En fréquentant des hommes importants et en allant aux soirées Diddy à Los Angeles. On retrouve des centaines de publications similaires avec ce même texte traduit en français, en anglais et en espagnol.

Cette publication présente un mélange d’informations trompeuses ou fausses et vise clairement à lier la personne de Kamala Harris aux accusations qui visent Sean Combs, connu sous le nom de P. Diddy ou Puff Daddy. Son arrestation, le 16 septembre 2024, est au cœur de théories qui lient pédocriminalité et personnalités politiques et médiatiques.

Il y a une réalité de l’affaire : P. Diddy est visé par des plaintes de plusieurs personnes pour viols et agressions sexuelles et a été inculpé par la justice américaine pour les chefs de trafic à des fins d’exploitation sexuelle et d’extorsion pour lesquels il a plaidé non coupable.

Aucun lien entre cette vidéo et P. Diddy

À partir de ces faits de justice avérés, rumeurs et spéculations vont bon train sur les potentielles victimes, mais surtout au sujet des participants à ces soirées appelées “Freak Offs”.

Ainsi, de fausses listes des personnes ayant supposément assisté aux fêtes circulent et toute personne ayant interagi avec P. Diddy est suspecte aux yeux des internautes-enquêteurs. Le lien est parfois très très lointain. Comme ici, avec Kamala Harris.

Si la vidéo diffusée sur les réseaux est vraie, elle n’a pas été tournée à l’une des soirées de P. Diddy. Elle a été prise à un événement contre la sclérose en plaques en 2001, le “Eighth Annual Race to Erase Multiple Sclerosis” à Los Angeles.

En témoigne, cet article de Inside Edition, qui a repartagé la vidéo en 2019. Le média explique que Kamala Harris, qui travaillait au bureau du procureur de San Francisco à l’époque, avait fréquenté Montel Williams, lui-même souffrant de sclérose en plaques.

À part le fait que l’événement ait lieu dans la même ville, il n’y a donc rien à voir entre cet événement, la présence de Kamala Harris, Montel Williams et le producteur de musique accusé de viols.

Un photomontage grossièrement réalisé…

Par-delà les suppositions, certains n’ont pas de peine à aller plus loin. Une photo issue de cette même soirée a été utilisée pour prouver une soi-disant connexion entre Kamala Harris et P. Diddy en … photoshopant directement la tête du chanteur accusé sur celle de Montel Williams.

Le montage est grossier, mais cela n’a pas empêché des milliers d’utilisateurs de la partager en faisant des liens. Nos confrères et consœurs de DFRAC sont remontés à la source de ce photomontage.

La première occurrence de l’image trafiquée aurait été partagée par un compte X se présentant comme “UnVaxxed, 3X Trump voter, MAGA, Patriot” (“non vacciné, votant de Trump trois fois, Rendre l’Amérique à nouveau grande [le slogan de Donald Trump, ndlr], patriote” en anglais). Le post a été supprimé depuis.

… partagé par Donald Trump lui-même

Et une fois (de très nombreuses fois) n’est pas coutume, Donald Trump, l’opposant direct de Kamala Harris dans la course à la présidentielle, a lui aussi partagé ce photomontage sur son réseau social Truth Social, comme l’a repéré l’AFP.

 

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