Cette affiche de 2017 interdisant les chiens en liberté à cause de « voisins musulmans » est fausse
Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Relecteur : Nicolas Turcev, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste
Source : Compte X, le 11 octobre 2025
Une fausse affiche intimant aux citoyens de Pitt Meadows, au Canada, de tenir leurs chiens en laisse et de les tenir à distance « des musulmans » circule de nouveau sur les réseaux sociaux. Elle date de 2017 et les deux entités auxquelles elle est attribuée ont démenti un quelconque lien.
Les petits mots entre voisins sont communs, mais celui-ci a particulièrement attiré l’attention. « S’il vous plaît, soyez courtois avec vos voisins musulmans. De nombreux musulmans habitent dans cette zone et les chiens sont considérés comme sales dans l’islam. S’il vous plaît, gardez vos chiens en laisse et à l’écart des musulmans qui vivent dans cette communauté », est-il écrit en anglais sur une page imprimée dont la photo a été repartagée des milliers de fois.
Le 11 octobre 2025, Jean Messiha, ancien porte-parole du parti d’extrême droite Reconquête, a partagé le cliché sur X avec une traduction approximative en s’indignant : « À Vancouver, au Canada, les murs ont été couverts d’affiches hallucinantes. ‘Chers habitants, de nombreux musulmans habitent la ville. Les chiens sont considérés comme haram [interdits, ndlr] en islam. Soyez respectueux. Tenez vos chiens à l’écart pour respecter vos voisins musulmans’. Dingue non ? »
Sauf que cette image date de 2017 et que son origine est inconnue et douteuse.
Une affiche bidonnée
En septembre 2017, ces affiches ont été retrouvées dans les parcs de Pitt Meadows, une petite ville en Colombie-Britannique, au Canada. Sur celles-ci, on retrouve le mot à destination des habitants de la ville, des logos d’interdiction des chiens, et surtout deux autres symboles donnant à l’affiche un surplus de crédibilité : celui de la ville de Pitt Meadows et celui du Conseil pour les relations américano-islamiques (CAIR).
Mais les deux entités ont démenti tout lien avec les affiches dès leur découverte. À l’époque, un porte-parole du CAIR avait dénoncé, auprès d’un média canadien, un « problème symptomatique d’une tendance plus large d’hostilité grandissante à l’égard des musulmans et de l’islam ».
Huit ans après, l’auteur de ces affiches n’est toujours pas connu.
Une deuxième vie en ligne pour les fausses affiches
Depuis l’apparition des affiches en 2017, aucune autre n’a été retrouvée dans la ville de Pitt Meadows. Mais elles ressurgissent régulièrement sur les réseaux sociaux, comme l’indiquait encore la ville à l’été 2024, après une nouvelle vague de publications. Et ce, malgré les différents articles de presse (AFP, France 24) montrant le caractère fictif de ce mot entre voisins.
Une autre fausse affiche reprenant la même rhétorique avait été retrouvée à Londres en 2014, qui fait elle aussi l’objet de publications fréquentes. Le message prétend que des cours de musique ont été annulés à cause d’une communauté musulmane. Mais cette information est fausse, comme nous l’avions relevé ici.