Benjamin Griveaux, candidat LREM aux municipales de Paris, veut déplacer « la gare de l’Est pour créer un Central Park parisien »
Dernière modification : 20 juin 2022
Auteurs : Baptiste De Cara, Garance Fichet et Matthieu Laude, étudiants à Sciences Po Saint-Germain, sous la direction de Camille Morio, maîtresse de conférences en droit public à Sciences Po Saint-Germain
Source : Le JDD, 26 janvier 2020
Un maire ne peut « déménager » que ce qui appartient à la commune, et si la loi ne confie pas ce pouvoir à une autre autorité. En l’occurrence, non seulement la gare de l’Est n’appartient pas à la Ville de Paris, mais la gestion de cette gare et de son réseau échappent complètement au maire. Au plus, Benjamin Griveaux peut promettre de négocier avec : l’État, la région, Île-de-France mobilités, Réseau ferré de France, la SNCF et les communes et départements où s’implanterait la nouvelle gare de l’Est… Promesse qui serait juridiquement inattaquable mais moins sexy.
Dans le cadre des élections municipales de 2020, Benjamin Griveaux a fait part dans un entretien au Journal du Dimanche d’une proposition audacieuse visant à convaincre les électeurs de sa préoccupation pour les enjeux écologiques : il souhaite déménager la gare de l’Est pour édifier en lieu et place un « Central Park parisien ». L’idée serait de doter la capitale d’un nouveau poumon vert de 30 hectares. Un projet fantaisiste ? Certainement pas pour Benjamin Griveaux et son équipe de campagne : « le projet a été méticuleusement travaillé en amont ». Ils envisagent déjà de soumettre le projet aux Parisiens via un référendum local.
Néanmoins, Benjamin Griveaux oublie que l’aménagement du territoire constitue un défi d’une toute autre complexité que la gestion d’une ville dans SimCity : les projets de réorganisation urbaine de cette ampleur soulèvent de nombreuses problématiques de droit public.
Tout d’abord, ce projet se heurte à un problème de compétences. En effet, la Ville de Paris n’est pas compétente en matière d’aménagement des gares. C’est la région qui en est chargée. Le projet sera donc nécessairement soumis aux délibérations du conseil régional d’Ile-de-France. De plus selon la loi, la Gare de l’Est et son réseau constituent un service d’intérêt national, dont seul l’État est l’autorité organisatrice.
Toujours au niveau régional, le projet de Benjamin Griveaux devra recevoir l’aval de l’autorité organisatrice des transports de la région Ile-de-France : Île-de-France Mobilités. Cet établissement public administratif est chargé d’organiser et de coordonner l’ensemble des transports en commun franciliens.
Un autre problème de taille : la gare de l’Est et les voies ferrées n’appartiennent pas à la Ville de Paris. Les gares et le réseau ferré sont des biens qui relèvent du domaine public : c’est l’État qui est propriétaire. Comme l’État a délégué l’exploitation du réseau ferré et des infrastructures ferroviaires à la SNCF et à ses filiales, c’est la société anonyme SNCF Réseaux qui est chargée de la gestion de l’ensemble du réseau ferré français. La gestion des gares relève, quant à elle, d’une des filiales de SNCF Réseaux : SNCF Gares & Connexions. Elle est gestionnaire des quelques 3029 gares de voyageurs en France dont la Gare de l’Est. La SNCF et ces filiales seront donc des actrices décisives pour la réalisation de ce projet.
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