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Non, les croix inversées de la basilique Saint-Pierre n’en font pas un haut lieu du satanisme

Création : 28 avril 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste

Source : Compte X, le 25 avril 2025

Selon certains internautes, la présence de croix inversées au sein de l’édifice, remarquée lors de l’enterrement du pape François, montrerait un lien avec le satanisme. Il s’agit en vérité de la croix de saint Pierre.

Le pape François aurait-il, en secret, donné son âme au diable ? Le Saint-Père, dont les obsèques se sont tenues le 26 avril 2025, s’est vu accusé, sur les réseaux sociaux, d’être affilié au satanisme. La raison ? La présence, dans la basilique Saint-Pierre, où son corps était exposé pendant plusieurs jours, d’ornements en formes de croix inversées.

« Cérémonie du pape François, cérémonie satani[que] », écrit, par exemple, un utilisateur de Facebook. Sur X, un internaute abonde : « Croix à l’envers aux funérailles du pape. Bien sûr que c’est satanique ! »

Symbole historique de la chrétienté

Le Vatican s’est-il soudainement transformé en repère d’adorateurs de Satan ? Non, bien évidemment, puisque la croix inversée est un vieux symbole de tradition chrétienne. Si elle est aujourd’hui associée, dans l’imaginaire populaire, au satanisme, elle est d’abord connue comme la croix de saint Pierre, apôtre de Jésus et premier évêque de Rome, selon la tradition catholique.

Selon l’Église, Pierre a été crucifié par l’empereur romain Néron, vers l’an 64 apr. J.-C., après que les chrétiens ont été accusés d’être à l’origine d’un large incendie, comme l’indique le site de la basilique Saint-Pierre, érigée en hommage à l’apôtre.

Le premier des fidèles du Christ aurait alors demandé à être crucifié la tête en bas, « car il ne se considérait pas assez digne pour mourir de la même manière que Jésus », mort sur la croix. D’où la croix inversée pour représenter le martyre de saint Pierre, qui orne des parties de la basilique où le corps du pape François était exposé.

Des visiteurs rendent hommage au pape François, le 24 avril 2025 à la basilique Saint-Pierre, au Vatican. Crédit : Alberto PIZZOLI / AFP

 

Les historiens sont actuellement incapables de dégager un consensus sur la mort de Saint-Pierre à Rome, ni même de confirmer sa crucifixion inversée, issue d’un texte apocryphe rédigé plus de cent ans après sa mort. Pour autant, le récit s’est largement diffusé au sein de la chrétienté catholique et au-delà, donnant lieu à de nombreuses représentations du martyre de Pierre sur la croix, la tête en bas. La fresque de la crucifixion de saint Pierre par Michel-Ange, qui orne la chapelle Pauline du palais du Vatican, est l’une de ces illustrations les plus connues.