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Crédit : KF (domaine public)

Baccalauréat 2025 : une candidate libre pouvait-elle porter une abaya ?

Création : 23 juin 2025

Auteur : Guillaume Baticle, doctorant en droit public, université de Poitiers

Relecteurs : Clément Benelbaz, maître de conférences HDR en droit public et directeur du DU Laïcité, université Savoie-Mont Blanc

Jean-Paul Markus, professeur de droit public, université Paris-Saclay

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 19 juin 2025

Malgré l’interdiction des signes religieux à l’école, une candidate libre a pu composer, à Dreux, l’épreuve de philosophie du baccalauréat en abaya. En cause : une exception prévue pour ces candidats, non soumis aux mêmes règles que les élèves scolarisés.

Le 16 juin dernier, avait lieu la première épreuve du baccalauréat. À Dreux (Eure-et-Loir), l’examen de philosophie était plus animé qu’ailleurs. Avant de disserter sur la technique ou la vérité, les organisateurs devaient répondre à une autre question épineuse : une candidate libre peut-elle composer en abaya ?

Interdiction des tenues et signes religieux dans les établissements scolaires…

La loi de 2004 interdit dans les établissements scolaires le port de signes ou tenues, « par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ». De fait, le premier réflexe aurait été de refuser cette candidate.

D’autant qu’une circulaire prise par Gabriel Attal en 2023, alors ministre de l’Éducation nationale, cible un certain nombre de tenues vestimentaires comme étant interdites par la loi de 2004, dont les abayas. Ainsi, tous les élèves et candidats présents dans les établissements scolaires ne peuvent pas en principe en porter.

… sauf pour les candidats libres

Mais il y a une subtilité pour les candidats libres aux épreuves et examens. Prise immédiatement après la loi de 2004, une circulaire la précise. Son point 2.3 indique que la loi « ne s’applique pas […] aux candidats qui viennent passer les épreuves d’un examen ou d’un concours dans les locaux d’un établissement public d’enseignement et qui ne deviennent pas de ce seul fait des élèves de l’enseignement public ».

Juridiquement, cette différence de traitement peut s’expliquer. Les élèves classiques sont des usagers du service public de l’enseignement scolaire. Ils sont à ce titre visés par la loi de 2004, qui interdit les signes religieux ostentatoires « dans les écoles, les collèges et les lycées publics ».

Or, les candidats libres ne sont pas des « élèves ». Ils ne sont usagers que des locaux et du service public des examens nationaux. Ils n’entrent donc pas dans le champ d’application de la loi de 2004.

Toutefois, ces personnes, même si elles ne sont pas soumises au principe de laïcité, doivent se conformer aux exigences de sécurité et de vérification antifraudes.

Après s’être assuré qu’elle ne portait pas d’objets connectés, le lycée a donc autorisé la candidate à composer, dans une salle à part.