Attention à ce faux communiqué du régime syrien sur les violences à l’ouest du pays
Auteur : Etienne Merle, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Fanny Velay, journaliste stagiaire
Source : Compte Facebook, le 12 mars 2025
Le nouveau régime syrien aurait demandé à ses troupes de ne plus filmer les exactions en cours contre les populations pro Bachar Al-Assad, après des affrontements meurtriers à l’ouest de la Syrie. La preuve ? Un prétendu communiqué de presse qui se révèle être un faux.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad en décembre 2024, la Syrie est plongée dans de nouvelles violences. Le 6 mars, l’arrestation d’un homme dans l’ouest du pays a déclenché un soulèvement dans une région majoritairement alaouite, communauté historiquement proche de l’ancien dictateur. Très vite, la situation a dégénéré en affrontements sanglants.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des exécutions sommaires ont été perpétrées contre des civils, en grande majorité alaouites. Au moins 1 383 personnes auraient été tuées par les « forces de sécurité et des groupes affiliés », principalement dans les provinces de Lattaquié et Tartous, indique l’OSDH.
C’est dans ce climat de violences qu’un document troublant est apparu en ligne. Présenté comme un communiqué officiel du régime syrien, il ordonnerait aux forces de sécurité de ne plus filmer les bombardements et les destructions menées par l’armée. Un texte qui, s’il était authentique, ferait doublement scandale : il reconnaîtrait les exactions tout en révélant la volonté du pouvoir de les dissimuler. Or, après vérification, ce document est un faux.
Plusieurs incohérences
En comparant ce communiqué avec ceux diffusés par le régime dans le courant du mois de mars, plusieurs éléments trahissent son caractère falsifié. D’abord, il n’utilise pas la même police pour la date de publication, affichée en bas du texte. Ensuite, il ne comporte aucun numéro de référence, contrairement aux vrais documents officiels.
À gauche, un communiqué de presse du régime Syrien. À droite, le faux attribué aux autorités. Capture d’écran Facebook.
« Le ministère de la Défense a publié deux déclarations officielles, toutes deux numérotées », explique Aaron Zelin auprès de nos confrères des Observateurs. « La première porte le numéro 1, la seconde le numéro 2. Or, le faux communiqué ne contient aucune numérotation. »
Autre détail troublant : la signature et les cachets du faux document sont identiques et positionnés exactement comme ceux du deuxième communiqué officiel du ministère de la Défense. Il est donc probable qu’il ait été fabriqué à partir de ce dernier.
Par ailleurs, le compte de fact-checking KNWLDG Media, a également relevé des différences de qualité d’image. Le texte du faux document est plus net et semble avoir été ajouté numériquement, tandis que le reste du document présente un grain plus prononcé, signe d’une possible manipulation par un logiciel.
