Albanie : une ministre IA pour lutter contre la corruption… et en France ?
Auteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public
Relecteur : Bertrand-Léo Combrade, professeur de droit public, université de Poitiers
Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
L’Albanie a frappé les esprits en intégrant « Diella », une intelligence artificielle, à son gouvernement pour superviser les marchés publics. Une nomination qui reste largement symbolique : la Constitution albanaise l’interdit. Mais cette audace ouvre une question vertigineuse : la France pourrait-elle, un jour, accueillir une « ministre IA » dans son Conseil des ministres ?
En septembre 2025, l’Albanie a surpris le monde en annonçant l’entrée dans son gouvernement d’une ministre… sans chair ni os. Baptisée Diella (« soleil », en Albanais) cette figure créée par intelligence artificielle s’est vue confier la supervision des marchés publics, officiellement pour renforcer la transparence et lutter contre la corruption.
Une première mondiale. Mais derrière l’effet d’annonce, la Constitution albanaise rappelle la règle : pour siéger au Conseil des ministres, il faut être citoyen, majeur et capable juridiquement – autant de conditions qu’une IA se semble pas pouvoir remplir. L’expérience reste donc, pour l’heure, symbolique.
Et pourtant, l’initiative interroge : et si demain, la France s’aventurait sur ce terrain ? La Constitution et notre droit public permettraient-ils d’accueillir une « ministre IA » ?
Une IA ministre en France demain ? Non.
Sur le plan constitutionnel, d’abord, cela coincerait : l’article 8
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