Julien Aubert s’est plaint que : « aucun parlement national n’a été en mesure de débattre [du CETA] »

Création : 22 janvier 2018
Dernière modification : 17 juin 2022

Auteur : Vincent Couronne

Source : Le Figaro, 15 janv. 2018

Sans être tout à fait dans l’erreur, le député Julien Aubert ne peut pas laisser croire que les parlements nationaux n’ont pas été en mesure de débattre sur le CETA. Il fait des faiblesses du Parlement français une généralité en Europe, ce qui est loin d’être le cas.

Dans une tribune publiée par le groupe « Osez la France », son président, le député Julien Aubert, y critique la manière dont le traité CETA (traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada) est entré en vigueur. Il estime qu’aucun parlement national n’aurait été en mesure d’en débattre. Cette affirmation, qui n’est pas complètement fausse, doit être cependant précisée.

D’abord, le traité CETA est un accord dit « mixte », cela signifie qu’il contient des éléments relevant à la fois des compétences de l’Union européenne (les droits de douanes par exemple), et des compétences des États membres (la mise en place d’un mécanisme arbitral). Par conséquent, le traité doit être ratifié par l’Union mais aussi par 38 parlements des 28 États membres. En outre, certains États requièrent, à l’instar de la Belgique, que leurs parlements régionaux autorisent aussi la ratification. C’est à ce titre que le Parlement de la région belge de Wallonie avait fait pression en 2017 sur les négociateurs européens et canadiens. Ayant obtenu gain de cause, il a finalement autorisé la Belgique à signer le traité. Le Parlement français, qui ne s’est pas encore prononcé, peut quant à lui tout à fait refuser la ratification.

Si le Parlement français ne s’est pas immiscé dans la négociation du CETA avec fracas comme l’a fait le Parlement wallon, c’est lié aux caractéristiques de la Ve République, qui restreint grandement le pouvoir de contrôle des parlementaires. Tout au plus peut-il voter une résolution non contraignante, comme cela a été fait en 2017 sur le fondement de l’article 88-4 de la Constitution. La position française en faveur du CETA s’est en réalité faite non pas au Parlement mais au sein du Secrétariat général aux affaires européennes, rattaché au Premier ministre.

Cette insuffisance dans le contrôle parlementaire en France ne se retrouve pas dans tous les États membres. On cite souvent en exemple le Folketing (Parlement) danois, dont la commission des affaires européennes joue un rôle déterminant quant à la position que le Gouvernement défendra au sein des institutions de l’Union. Il arrive ainsi que le Gouvernement danois suspende sa position au sein du Conseil de l’Union européenne, afin de recueillir l’avis, voire l’aval du Folketing.

 

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