Pour Florian Philippot, « Être dans l’UE, c’est comme monter dans une voiture sans avoir ni le volant, ni l’accélérateur, ni le levier de vitesse. On ne maîtrise rien. Pour avoir le choix, il faut être hors de l’UE »
Dernière modification : 20 juin 2022
Auteur : Bryan Guedmi, étudiant en droit, sous la direction de Vincent Couronne, docteur en droit public et chercheur associé au VIP (Paris-Saclay)
Source : Les Patriotes, Twitter, le 6 juillet 2020
L’ancien député européen exagère largement : la France et les Français ont toujours leur mot à dire, même s’ils ne gouvernent plus seuls. Ils gardent tout de même une main sur le volant. Et encore, ce n’est que dans les domaine transférés à l’Union. Pour tous les autres, la France décide à peu près seule.
Pour le Président du parti Les Patriotes et ancien député européen Florian Philippot, faire partie de l’Union européenne revient pour un État à ne plus rien contrôler. Une manière de dire que la France aurait abandonné la maîtrise de ses politiques. Or, au sein de l’Union européenne et de ses institutions, les États membres sont représentés au Conseil de l’Union et les citoyens élisent les députés européens. Ainsi, contrairement à ce que dit Florian Philippot, les États membres et leurs citoyens ont un contrôle sur ce qui est décidé au sein de l’Union européenne. Ce contrôle est certes dilué au sein d’une communauté de 500 millions de citoyens européens, ce qui ne veut pas dire qu’il a totalement disparu. Mais comme député européen, peut-être Floran Philippot n’a-t-il pas suffisamment usé de son pouvoir de représentant.
Le Conseil de l’Union est une des institutions européennes regroupant les membres des gouvernements des États membres, permettant ainsi aux États de débattre, de décider, d’adopter des actes législatifs et d’harmoniser certains domaines d’une politique commune. Dans un certain nombre de domaines, la France a un droit de véto, droit qu’elle utilise assez rarement. Mieux, on se rend compte que sur les 10 dernières années, la France n’a voté que très rarement contre un acte législatif au Conseil (moins de dix fois). Cela montre que sa volonté est prise en compte, et que l’exécutif français consent à la quasi-totalité de la législation de l’Union. À titre de comparaison, sur la même période, l’Allemagne s’est abstenue ou a voté contre une soixantaine de fois sur un millier de votes.
Il faut rappeler aussi que l’Union n’agit que dans le cadre des compétences qui lui sont transférées par les États-membre. La France reste ainsi presque totalement maître de sa politique militaire, sanitaire, sociale, éducative, touristique, etc. Dans ces domaines, elle a encore les deux mains sur le volant.
Donc il n’est pas nécessaire de sortir de l’Union européenne pour avoir le choix, il suffit de s’y intéresser et de la comprendre pour mieux la contrôler.
Contacté, Florian Philippot n’a pas répondu à nos questions.
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