Non, la mloukhiya ne sera pas interdite en France en 2026
Auteur : Etienne Merle, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Source : Compte Tiktok, le 25 octobre 2025
Une vidéo devenue virale sur TikTok affirme qu’un décret français interdirait la mloukhiya dès janvier 2026. Après vérification, aucune trace d’une telle mesure dans les textes officiels : la rumeur repose sur un compte parodique.
Une rumeur qui ne manque pas de sel, ni d’épices, circule sur les réseaux depuis le 25 octobre. Selon une vidéo publiée sur TikTok, la France aurait décidé d’interdire la mloukhiya, plat tunisien emblématique, « fin 2025 ou début 2026 ».
La séquence, partagée par un compte nommé France Actu, avance deux explications à cette prétendue interdiction. La première serait sanitaire : « La feuille de corète », ingrédient principal du plat, provoquerait « des inflammations de l’estomac […] si elle est mal cuite ».
La seconde serait culturelle : le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, aurait, selon la vidéo, dénoncé une prétendue « maghrébinisation de la gastronomie française ».
Visionnée plus d’un million de fois, la vidéo a suscité une certaine indignation : « À force d’interdire, est-ce qu’on aura encore le droit de respirer ? », écrit un internaute, tandis qu’un autre débat s’ouvre pour savoir si la mloukhiya est d’origine tunisienne ou algérienne.
Mais derrière ce plat devenu sujet de controverse, la réalité est bien plus simple : l’information est fausse. Elle émane d’un compte parodique, dont les contenus relèvent de la satire et non du journalisme.
Aucune trace d’une telle mesure
Le compte à l’origine de la séquence, intitulé France Actu, se présente lui-même comme un média « aux actus saugrenues (25 % de vrai) ». Une visite rapide de ses précédentes publications suffit à comprendre qu’il s’agit d’un compte parodique. Ses vidéos caricaturent l’actualité avec un ton volontairement absurde en utilisant des images générées par intelligence artificielle. En somme, ce n’est pas une source fiable.
Pour écarter tout doute, Les Surligneurs ont consulté les sites institutionnels français. Ni le Journal officiel, ni le site de l’Assemblée nationale, ni celui du Sénat ne mentionnent la moindre disposition visant la mloukhiya ou la corète potagère (Corchorus olitorius), le fameux ingrédient principal du plat.
Aucune alerte sanitaire n’a été publiée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l’autorité compétente en matière de sécurité alimentaire et de contrôle des denrées. Bref, aucun texte officiel, aucune circulaire, aucun décret ne fait état d’une interdiction de ce plat.
Le droit ne permet pas d’interdire un plat sans raison valable
Par ailleurs, en France, on ne peut pas interdire un plat simplement parce qu’il ne plaît pas ou qu’il viendrait « d’ailleurs ». Une mesure d’interdiction alimentaire doit reposer sur un fondement juridique solide et un danger avéré pour la santé publique.
Le droit français, à travers le Code de la consommation, encadre strictement ce type de décisions. En cas de « danger grave ou immédiat », la DGCCRF peut « prendre par arrêté des mesures d’urgence pour : suspendre la fabrication, l’importation ou la mise sur le marché des produits ou des services concernés, ordonner leur retrait ou leur reprise auprès des consommateurs ».
Mais ces mesures ne visent jamais un plat en tant que tel, seulement un produit identifié comme dangereux.
