À première vue, tout y est : le décor, la tension, les voleurs casqués… Depuis quelques jours, une vidéo circule sur les réseaux sociaux. On y voit deux hommes vêtus de gilets orange pénétrer dans une galerie du musée du Louvre et briser des vitrines à coups de pied-de-biche avant de s’enfuir avec des bijoux.

Les images, filmées en plan fixe, comme si elles avaient été enregistrées par une caméra de surveillance, sont présentées comme des images exclusives du braquage survenu le 19 octobre 2025 dans la Galerie d’Apollon, où plusieurs bijoux de la Couronne française ont été dérobés. Or, cette vidéo a été générée par IA.

Les braqueurs du Louvre portaient un gilet jaune et un gilet orange

Selon les informations communiquées par le parquet de Paris et largement reprises par la presse – notamment dans un article du Figaro – deux des quatre malfaiteurs sont montés dans une nacelle élévatrice vêtus l’un d’un gilet jaune, l’autre d’un gilet orange.

Par ailleurs, une vidéo du casse révélée par Le Parisien permet de confirmer la présence d’une personne portant un gilet jaune.

Or, dans la vidéo publiée sur les réseaux sociaux, les deux individus portent des gilets orange. Cette incohérence vestimentaire, même minime, est révélatrice : les créateurs de la vidéo n’ont manifestement pas intégré les faits établis par l’enquête judiciaire. Elle confirme qu’il s’agit d’une reconstitution ou d’une génération, et non d’une captation réelle.

Des outils et une mise en scène techniquement impossibles

Les premiers éléments de l’enquête et des témoignages des agents de sécurité – là encore largement couverts par la presse (ici, ici, ici) – décrivent une équipe disposant d’une disqueuse pour fracturer les vitrines de la Galerie d’Apollon.

Or, dans la vidéo virale, les voleurs utilisent de simples pieds-de-biche, et la vitre cède d’un coup. C’est techniquement impossible : les vitrines du Louvre sont très probablement fabriquées en verre feuilleté et spécialement conçues pour résister à des impacts répétés.

Le choix de l’outil et la facilité apparente avec laquelle les vitres se brisent rappellent plutôt les animations générées par IA : les modèles visuels simulent mal la résistance physique des matériaux.

Une galerie qui ne ressemble pas à la Galerie d’Apollon

Autre incohérence majeure : le décor. Dans la vraie Galerie d’Apollon, les vitrines sont alignées au centre de la salle, sous un plafond doré orné de peintures monumentales.

Dans la vidéo, ces vitrines censées protéger les œuvres sont dispersées au centre de la pièce, sans symétrie ni continuité. Cette erreur de décor montre que la scène n’a pas été filmée dans la Galerie d’Apollon.

Enfin, les gestes maladroits des deux hommes (l’un hésite, l’autre se déplace sans coordination) achèvent de semer le doute. Le braquage réel, lui, a été ultra-rapide et planifié, par des auteurs chevronnés : quatre individus, quatre à huit minutes d’action avant une fuite organisée à moto, le tout sans faire de victimes et en réussissant à s’échapper.

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