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Vue d'artiste d'une planète dans la constellation de Vela. Crédit photo : ESO/M. Kornmesser/CC BY 4.0

Non, une planète découverte par la Nasa n’émet pas d’étranges signaux lumineux

Création : 24 juillet 2025

Autrice : Maylis Ygrand, journaliste

Relecteur : Nicolas Turcev, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Jean-Baptiste Breen, étudiant en master de journalisme à Sciences Po Paris

Source : Compte Facebook, le 18 juillet 2025

D’après certains internautes, la Nasa aurait découvert une planète qui émettrait de mystérieux signaux lumineux. Faux, ce signal correspond à un phénomène naturel utilisé pour détecter les planètes situées hors du système solaire.

E.T. aurait-il appris le Morse ? Selon certains internautes, « la NASA vient de découvrir une planète « super Terre » qui semble émettre un étrange signal lumineux régulier ». De quoi faire fantasmer sur l’existence de la vie hors de notre système solaire.

Mais si cette planète, prénommée « TOI-1846 b », existe bel et bien, elle n’émet par contre aucun signal mystérieux, comme ont déjà pu le débunker nos confrères de Snopes. Entre confusion, raccourcis et sensationnalisme, Les Surligneurs rembobinent le fil de cette infox.

Repérée par l’éclipse de son soleil

Tout commence en juin 2025 lorsqu’une équipe de chercheurs de l’Observatoire astronomique de l’Oukaïmeden, au Maroc, annonce avoir découvert une nouvelle exoplanète  — c’est-à-dire une planète qui se situe en dehors de notre système solaire. Mais rien de vraiment neuf sous le soleil terrien : « TOI-1846 b » rejoint alors les milliers d’autres exoplanètes découvertes à ce jour.

Les scientifiques publient ensuite leur trouvaille dans le journal de la Société royale d’astronomie britannique (MNRAS). L’étude de l’équipe de l’Observatoire de l’Oukaïmeden explique que les chercheurs ont découvert la planète TOI-1846 b dans le cadre de la mission TESS, pilotée par la Nasa.

Le terme TESS, pour Transiting Exoplanet Survey Satellite, désigne une technique utilisée pour rechercher les astres dans le ciel. Ce procédé, aussi appelé « méthode du transit », consiste à mesurer la variation de la luminosité des étoiles. Il est utilisé « cour[amment] pour détecter des exoplanètes », observe Romain Allart, chercheur à l’université de Montréal, spécialiste des atmosphères d’exoplanètes.

« On a une étoile, une planète et un observateur [sur Terre], schématise le scientifique. La planète est entre l’étoile et l’observateur. La lumière de l’étoile va diminuer lorsque la planète [alors en orbite autour de l’étoile, ndlr], va masquer cette dernière », explique le chercheur. Se reproduisant de manière périodique, cette sorte d’« éclipse » permet ainsi de détecter la présence d’une exoplanète.

La planète TOI-1846 b n’émet donc pas un « mystérieux signal » lumineux. Il s’agit tout simplement de la « diminution de la lumière lorsque la planète passe devant son étoile », conclut Romain Allart.

Le sensationnalisme des tabloïds

Pourquoi tant de bruit et de désinformation pour une technique courante, qui a déjà servi à détecter des centaines d’exoplanètes ? L’origine de l’infox est sans doute à chercher du côté des tabloïds.

À la mi-juillet, la presse britannique a relayé les résultats de l’étude des chercheurs d’Oukaïmeden dans des articles de presse sensationnalistes. D’autres médias leur ont rapidement emboîté le pas.

À quelques jours d’intervalle, le Daily Mail et le Sun ont titré que la Nasa avait découvert une planète « Super Terre » qui émettrait « un mystérieux signal », à l’instar du média en ligne 75 secondes qui s’inquiétait, lui aussi, d’un « signal lumineux intriguant ».

Bien que chacun de ces articles explique ensuite la nature de ce « signal lumineux », l’ambiguïté des gros titres a suffi à lancer la rumeur. Certains internautes ont en effet principalement repris les informations contenues en début d’article. Probablement parce qu’ils avaient la tête dans les étoiles.