Depuis le 15 juillet 2025, une image montrant Gérard Larcher apparemment en train de festoyer circule massivement en ligne. L’image est assortie d’un texte satirique : « François #Bayrou réclame un effort à Gérard Larcher et lui demande de supprimer son goûter quotidien afin d’économiser 1 milliard ». Le ton moqueur n’a pas empêché certains internautes de prendre cette publication au premier degré.

Or, cette photo est fausse. Elle a été modifiée – probablement à l’aide d’outils d’intelligence artificielle – à partir d’un cliché bien réel pris en mai 2018 lors d’un petit-déjeuner de travail au Sénat.

Une image détournée d’une réunion officielle

L’image originale avait déjà été la cible d’une première manipulation en février 2021. À l’époque, elle circulait sur Facebook avec une autre légende virale : « Petit casse-croûte rapide (Sénat) avec notre argent. Pendant que nos restaurateurs sont en train de tout perdre ».

L’AFP avait alors retracé l’origine de la photographie, publiée initialement sur le compte Twitter de Jacques Genest, ancien sénateur de l’Ardèche, le 30 mai 2018. Elle montrait une réunion organisée avec l’Association des maires ruraux de France (AMRF), dans les locaux de la présidence du Sénat à Paris. L’image avait été prise au cours d’un petit-déjeuner de travail en présence de Gérard Larcher, de Jacques Genest, et du directeur de cabinet de ce dernier, Gilles Lagarde.

Cette réunion, confirmée par le cabinet de Gérard Larcher auprès de l’AFP, n’avait aucun lien avec la crise sanitaire ou la fermeture des restaurants. Sept ans plus tard, la photo a été réutilisée, sortie de son contexte et modifiée visuellement pour cette fois, viser le train de vie du président du Sénat.

De la satire à la désinformation

Même si la publication actuelle semble relever de la satire, la manipulation d’une image dans un but politique peut induire en erreur. Le Sénat, comme toute institution publique, peut faire l’objet de critiques légitimes sur la gestion de ses ressources.

D’ailleurs, il a été régulièrement épinglé pour des dérives et des privilèges dénoncés par la presse, notamment dans des enquêtes sur le train de vie de ses membres. Mais pour nourrir un débat démocratique utile, ces critiques doivent s’appuyer sur des faits vérifiés, non sur des montages trompeurs.

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