Non, les États-Unis n’ont pas utilisé l’espace aérien indien pour frapper l’Iran
Auteur : Nicolas Turcev, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Jean-Baptiste Breen, étudiant en master de journalisme à Sciences Po Paris
Source : Compte X, le 22 juin 2025
Plusieurs comptes ont affirmé que les bombardiers états-uniens qui ont visé les sites nucléaires iraniens, le 22 juin 2025, ont survolé l’Inde. Mais les informations communiquées par les deux pays contredisent cette affirmation.
Les avions états-uniens ont-ils survolé l’Inde lors du bombardement, dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, de trois sites nucléaires iraniens ? Peu de temps après l’annonce des frappes sur les installations de Fordo, Natanz et Ispahan, plusieurs comptes sur les réseaux sociaux ont affirmé que les États-Unis ont bénéficié de la complicité du gouvernement indien, qui aurait ouvert son espace aérien aux bombardiers engagés dans la mission.
Les communications officielles des deux États contredisent toutefois cette affirmation. La cellule de fact-checking du bureau d’information de la presse indien (PIB), rattachée au ministère de l’Information, a rapidement publié un démenti sur X.
L’agence renvoie vers le compte-rendu de l’opération, intitulée « Midnight Hammer », présenté le 22 juin par le général états-unien Dan Caine, président du comité des chefs d’état-major interarmées. D’après le Pentagone, carte de navigation à l’appui, « dans la nuit de vendredi [20 juin 2025] à samedi matin, un grand contingent de frappe composé de bombardiers B-2 » a décollé de la base de Whiteman dans le Missouri vers l’Iran.
La Méditerranée, puis la Syrie
La force principale, composée de sept bombardiers furtifs, a traversé l’océan Atlantique, puis survolé la Méditerranée jusqu’à atteindre le littoral du Proche-Orient, toujours selon le visuel présenté par le département de la Défense états-unien.
Les avions sont enfin passés au-dessus de la Syrie, puis de l’Irak, avant de franchir la frontière iranienne et de bombarder leur première cible, l’installation de Fordo, située à 150 kilomètres au sud de Téhéran, à 23h40, heure française, le 21 juin 2025. Soit 18 heures après le décollage.
Après la frappe initiale, les B-2 états-uniens ont bombardé le site de Natanz, puis ont quitté l’Iran vers 00h30, heure française, le 22 juin 2025, en rebroussant chemin. Le troisième site, l’installation d’Ispahan, a subi une attaque de missiles Tomahawk lancés depuis un sous-marin états-unien situé dans la région.
À aucun moment le Pentagone ne mentionne l’Inde, située à environ 700 kilomètres à l’est de la frontière orientale de l’Iran et séparée de la république islamique par le Pakistan.
Le compte-rendu du général Dan Caine corrobore en partie une information publiée par le New York Times avant l’annonce des frappes. Le quotidien de la côte Est avait repéré le déploiement de plusieurs de ces avions vers l’ouest, en direction de l’océan Pacifique. Selon le Pentagone, ces appareils faisaient en réalité partie d’un contingent visant à faire diversion, tandis que la force principale décollait en direction de l’Atlantique, vers l’Iran.
Le soutien du Pakistan
Les publications affirmant que les États-Unis ont utilisé l’espace aérien indien ne contiennent aucune preuve. L’information a notamment été partagée par le compte très suivi d’une présentatrice de la télévision d’État iranienne, Sahar Emami, ainsi que par des comptes et des médias situés ou associés au Pakistan, rival de l’Inde.
Pays voisins à majorité musulmane, l’Iran et le Pakistan maintiennent des liens culturels et diplomatiques cordiaux, malgré des tensions ponctuelles. Mais depuis l’attaque lancée par Israël sur l’Iran, le 13 juin, Islamabad apporte un soutien marqué à son voisin chiite.
Le conflit entre l’État hébreu et la république islamique a pris fin, pour l’instant, après 12 jours de guerre, à la suite d’un cessez-le-feu annoncé le mardi 24 juin par le président états-unien Donald Trump.