Le préfet de Paris a-t-il autorisé un concert en soutien à Israël ?
Auteur : Guillaume Baticle, doctorant en droit public à l’Université de Poitiers
Relecteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste
Source : Compte X d’Aymeric Caron, 22 juin 2025
Le 22 juin, un concert en soutien à Israël a eu lieu, suscitant l’indignation du député Aymeric Caron qui a accusé, à tort, le préfet de police de Paris d’avoir autorisé l’événement. En droit, aucune autorisation n’est requise : seule une déclaration suffit, sauf risque avéré de trouble à l’ordre public.
Le 22 juin 2025 s’est tenu un concert en soutien à Israël, sur la place du Trocadéro. Le député Aymeric Caron, député apparenté à La France Insoumise, a réagi en s’en prenant directement au préfet de police de Paris dans un message sur X : « [il] a donc donné son autorisation pour cet événement en soutien à un État voyou génocidaire, coupable également d’attaques illégales contre l’Iran« . Sauf que le préfet n’a rien autorisé.
Une déclaration obligatoire
Lorsqu’une manifestation ou un événement, comme un concert, sont organisés sur la voie publique, ils doivent faire l’objet d’une déclaration de la part des organisateurs. Cette déclaration est déposée auprès de la mairie de la commune ou de la préfecture, et auprès du préfet de police si la manifestation a lieu à Paris, selon le code de la sécurité intérieure, ce qui est le cas ici.
La simple déclaration de l’évènement suffit à pouvoir l’organiser. L’autorité de police, que sont le maire ou le préfet, n’a pas à autoriser préalablement. En revanche, elle peut s’y opposer si « la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public ».
Comment déterminer la potentielle atteinte à l’ordre public ?
Un tel concert portait-il atteinte à l’ordre public ? C’est à l’autorité de le prouver. Elle doit vérifier que l’évènement ne porte pas atteinte à la tranquillité, la sécurité, la salubrité publiques ou à la dignité des personnes, composantes de l’ordre public, mais également que l’effectif pour assurer la sécurité est suffisant et si l’endroit prévu peut accueillir le nombre de personnes attendu.
Lorsque ce concert, soutenu par le Crif, a été déclaré à la préfecture de police de Paris, les services du préfet ont vraisemblablement vérifié ces points et en ont conclu que le concert ne causait aucun risque de trouble à l’ordre public.
Pas plus qu’un concert en faveur de Gaza n’en causerait si les conditions sont réunies. Le préfet n’avait pas à tenir compte d’autres considérations, en particulier politiques. Aymeric Caron est dans son rôle politique, le préfet dans son rôle administratif.