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Capture d'écran Facebook

La vidéo montrée par Donald Trump au président sud-africain ne montre pas des sites funéraires

Création : 22 mai 2025

Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Relecteur : Nicolas Turcev, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Donald Trump, le 21 mai 2025

Le président états-unien a voulu prouver à son homologue sud-africain qu’il existait un « génocide » des fermiers blancs dans son pays en lui montrant la vidéo d’un « site funéraire » qui symboliserait leurs dépouilles. Cette vidéo montre en réalité une manifestation après la mort de deux fermiers en 2020.

« Ce sont des sites funéraires. Ce sont des milliers de fermiers blancs », décrit le président des États-Unis, qui montre à son homologue sud-africain une vidéo alors que ce dernier est reçu dans le Bureau ovale, ce mercredi 21 mai 2025.

Alors que les relations sont extrêmement tendues entre les deux pays et que Donald Trump a signé un décret, dès février, pour annuler l’aide états-unienne à l’Afrique du Sud, cette première visite a été l’occasion pour le leader républicain de confronter Cyril Ramaphosa à des images prouvant ce qu’il estime être « un génocide » des fermiers blancs dans le pays africain.

Parmi ces « preuves », le président états-unien a montré cette vidéo dans laquelle on voit quelques centaines de voitures à la queue leu leu sur une route bordée de centaines de croix blanches.

Après que Donald Trump ait déclaré qu’il s’agissait là d’un « site funéraire », il n’a pas fallu longtemps avant que de nombreux internautes s’emparent de la vidéo. « Trump diffuse une vidéo de ‘cimetière Boer’ devant des Sud-Africains. La vidéo montre des rangées de croix blanches marquant les agriculteurs sud-africains blancs assassinés de 2018 à 2022 », assure un internaute.

Mais ni l’interprétation de Trump ni celle de l‘internaute n’est correcte. Il s’agit en réalité d’une vidéo prise à l’occasion d’un événement temporaire et les croix ont été retirées par la suite.

Vidéo de 2020

Grâce à une recherche d’images inversées, on retrouve la vidéo sur la chaîne YouTube d’un journal local, The Bulletin, et elle date du 6 septembre 2020. La description nous apprend qu’il s’agit d’une marche (en voiture) de citoyens qui « ont manifesté leur soutien à la lutte contre les meurtres dans les exploitations agricoles », le 5 septembre 2020 à Normandien, dans la province de KwaZulu-Natal à l’est du pays. Cette mobilisation faisait suite à l’assassinat d’un couple de fermiers blancs, Glen et Vida Rafferty, le 29 août 2020.

Ici, on peut voir un autre point de vue de la manifestation. D’après le média public SABC, plus d’un millier de véhicules ont participé au convoi.

Sur le parcours, un fermier, Darell Brown, présenté comme un des organisateurs de la manifestation par SABC, interpellait directement le président sud-africain pour l’enjoindre à prendre des mesures pour lutter contre les attaques de fermes : « Chacune de ces croix correspond à environ une dizaine de fermiers commerciaux [ceux qui détiennent plus de 1 000 hectares de terre, généralement blancs, ndlr] qui ont été tués dans les dernières années, et il y a plus de 500 croix aujourd’hui. »

Contrairement à ce qui a été indiqué par certains médias, la vidéo présentée par Donald Trump n’est pas un mémorial. Les croix ont été enlevées par la suite.

Peut-être le président états-unien a-t-il confondu avec le Witkruis Monument, un mémorial symbolique — mais qui n’est pas non plus un cimetière — qui regroupe environ 3 000 croix blanches en métal au nord du pays. « Le monument de Witkruis, également connu sous le nom de monument de Plaasmoorde, rappelle de manière poignante les vies perdues lors des attaques de fermes sud-africaines », est-il expliqué sur le site.

Ainsi, la vidéo présentée par Donald Trump à son homologue sud-africain ne montre pas un site funéraire, mais une manifestation temporaire. Ces images avaient déjà été partagées par Elon Musk, le 13 mai 2025, sur sa plateforme X. Issu d’une famille blanche d’Afrique du Sud, le milliardaire accuse régulièrement son pays natal de « persécuter les Blancs ».