Épaves : la Mairie de Paris “vole”-t-elle vraiment des vélos ?
Autrice : Lili Pillot, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Compte Facebook, le 7 novembre 2024
Dans une publication X, un internaute affirme, vidéos à l’appui, que la Mairie de Paris vole des vélos dans les rues de la capitale. La Ville assure qu’il s’agit, en réalité, de retraits de vélos signalés comme épaves.
Il se peut que votre vélo soit embarqué par la Mairie de Paris et c’est tout à fait légal. Mais tout le monde n’est pas forcément au courant. Sur X, un internaute affirme, avec plusieurs vidéos à l’appui, qu’il a surpris la Mairie en flagrant délit de vols de vélos. “Hier 16h arrivée du “commando vélo”, rue Gassendi 75014. Bruits de disqueuse dans la rue. Et là qu’est ce que je vois ? Un employé municipal qui coupe les cadenas des vélos garés correctement”, écrit-il.
Sur les vidéos postées par l’internaute, on remarque deux agents municipaux occupés à charger des vélos dans la remorque d’un camion. Comme le font remarquer certains commentaires sous le post, aucune vidéo ne montre l’emplacement exact où étaient garés les vélos au moment où un des agents municipaux les détache. Contacté, l’internaute n’a pas répondu.
Pour l’auteur du post, le fait de voir des employés se diriger vers des vélos avec une disqueuse prouve qu’il s’agit bien d’un vol. Pourtant, il est plus probable qu’il s’agisse de retraits tout à fait légaux. C’est en tout cas ce que défend la Mairie de Paris.
Une “simple” opération de retrait d’épaves
En réaction à l’information, une autre internaute a interpellé la Mairie de Paris sur X. “Une explication sur cette vidéo @Parisjecoute ? Un grand merci”.
La réponse de la Ville sur le réseau social ne se fait pas attendre. “Il ne s’agit bien évidemment pas d’un vol. […] Ces vélos ont été signalés comme épave à plusieurs reprises et les services ont simplement fait leur travail.”
Contactée pour avoir plus de précisions, la Mairie de Paris communique sur l’objectif de ces retraits. “Les vélos épaves constituent une gêne visuelle, ils encombrent les places de stationnement dédiées aux vélos ainsi que l’espace public, compliquant ainsi les déplacements des piétons et des personnes à mobilité réduite”. Elle dénonce “des accusations graves qui nuisent directement à l’image de [ses] agents”.
Si les agents municipaux apparaissent effectivement munis d’une disqueuse à la main sur les vidéos et les photos postées par l’internaute, rien n’indique que la découpe des cadenas de vélos soit illégale.
Procédure de signalement auprès du propriétaire
Il y a plusieurs possibilités pour qu’un vélo puisse être retiré : dans le cadre de travaux sur la voirie, par la police en amont d’une manifestation ou par la Mairie de Paris parce qu’il est considéré comme une épave. Selon la Ville, dans ce cas précis de la rue Gassendi, il s’agissait d’un retrait de vélos épaves.
Un vélo qui stationne dans la rue depuis plusieurs jours n’est pas directement catégorisé comme une épave. Comme l’explique cette vidéo du Parisien, votre bicyclette pourra être considérée comme telle si elle stationne sur la voie publique depuis un certain temps — nous n’avons pas réussi à identifier de délai précis —, si elle est jugée irréparable et qu’il lui manque plusieurs éléments indispensables comme la selle, les freins ou une roue.
Un vélo épave peut être signalé sur une application participative de la Mairie de Paris, “DansMaRue”.
Le vélo considéré comme abandonné, “en voie d’épavisation”, est signalé par un agent de police épaviste grâce à un autocollant. En l’absence de récupération du vélo, la Fonctionnelle, une unité de la Direction de la Propreté et de l’eau de la Ville, retire la bicyclette dans un délai de dix à quinze jours.
Sur son site internet, la Ville explique que “suite à la conclusion d’un protocole commun d’action entre les services municipaux de la propreté et la Préfecture de police […] des tournées d’enlèvement des épaves de vélos et de deux roues motorisés ont lieu deux fois par mois dans chacun des arrondissements”.
“Chaque année, environ 3 000 épaves sont retirées de la voie publique. Les épaves collectées ainsi peuvent retrouver une seconde vie”, nous indique la Mairie par mail.
Si vous êtes identifiables comme étant le propriétaire, notamment grâce à un code “FUBICY”, vous serez contactés par la police pour vous demander de récupérer le vélo. Si vous ne donnez pas suite, votre vélo sera officiellement considéré comme une épave et pourra être retiré de la voie publique par des agents municipaux, en toute légalité.
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