Crédit : Михал Орела (CC 2.0)

Non, Israël n’a pas caché des dommages sur des aérodromes avec des nuages numériques

Création : 9 octobre 2024

Autrice : Lili Pillot, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Hugo Guguen, juriste

Source : Compte Facebook, le 2 octobre 2024

Suite aux frappes iraniennes en Israël dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 octobre, des internautes ont affirmé que l’État hébreu avait truqué des images satellites d’aérodromes à l’aide de nuages numériques pour cacher les dégâts. C’est faux : il s’agit d’images authentiques, dues au fonctionnement des satellites d’observation.

“Breaking : Israël place des nuages numériques sur l’aérodrome de Nevatim. Ils ne veulent pas que vous voyiez les dégâts”, assurait sur X le blogueur complotiste Sulaiman Ahmed le 2 octobre.

Quelques heures auparavant, dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 octobre, l’Iran envoie entre 180 et 200 missiles sur Israël, suscitant plusieurs théories sur les dommages causés. Dans la foulée, des images de bases aériennes israéliennes camouflées par des taches blanches émergent sur les réseaux sociaux, suscitant le doute d’un potentiel trucage.

Sur un premier cliché de la base aérienne de Nevatim située au sud de Jérusalem, on observe effectivement une ligne droite de nuages stoppée nette. Sur une autre série de photos, les bases de Nevatim et de Tel Nof, situées au sud-ouest de la capitale israélienne, apparaissent tachetées de blanc.

Selon plusieurs internautes, ces curieuses images seraient la preuve qu’Israël a utilisé des “nuages numériques” pour cacher des dégâts compromettants causés par les missiles iraniens. Qu’en est-il réellement ? Ces images sont-elles vraiment le fruit d’un montage ou simplement des images satellites authentiques ? Les Surligneurs ont mené l’enquête.

Fonctionnement normal des satellites d’observation

La première image qui a éveillé les soupçons, correspondant à la base aérienne de Nevatim, provient du compte X d’Aurora Intel, un collectif d’enquêteurs en sources ouvertes, selon France 24. Elle a été publiée à 17h31 le 2 octobre, avant d’être rapidement repartagée.

Sauf que le tweet d’origine d’Aurora Intel ne mentionne pas du tout “un trucage” ou de “faux nuages” comme l’affirment par la suite certains internautes qui partagent l’image. Face à la prolifération de fausses théories utilisant son image, le collectif d’investigation a répondu dans un tweet, expliquant pourquoi la photo n’est pas truquée.

Cette image a été prise par “bande rectiligne” c’est-à-dire sur une bande de terrain que le satellite peut couvrir dans sa portée optique””, indique Aurora Intel.

En clair, si sur l’image le nuage s’arrête net, c’est parce que le mode de fonctionnement des satellites d’observation est particulier : ils capturent les images de la terre par bande rectiligne. “Les clichés sont pris par carreaux, ce qui correspond au bord rectiligne qu’on observe sur la photo”, détaille un journaliste de France 24. Le fait que ça se passe sur un aérodrome israélien relève de la coïncidence.

Des dommages avérés et visibles

Concernant la série de photos, représentant cette fois-ci les bases de Nevatim et de Tel Nof, elles proviennent de l’entreprise Planet Labs, selon France 24. Sur celles-ci, on remarque en effet que des polygones ont été tracés pour préciser la zone, une fonction disponible sur le site web de l’entreprise américaine qui exploite des satellites.

Sur ces mêmes images, il est aisé de remarquer les ombres des nuages, ce qui laisse penser qu’ils sont bien naturels.

Dernier point qui viendra clore le débat : d’autres images montrent qu’il y a effectivement eu des dommages sur l’aérodrome de Nevatim, comme l’indiquent les Observateurs de France 24.

Contacté, Planet Labs nous a transmis des clichés de cette base aérienne située au sud-ouest de Jérusalem, datés du 2 et 3 octobre 2024.

 

Entre la première et la seconde, on remarque bien qu’un hangar du site a été détruit et qu’aucun nuage, naturel ou numérique, ne l’a camouflé.

 

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