Imade d'illustration. Photo : F. de la Mure, MAEE, sept. 2009. CC BY-NC-SA 2.0

Éducation : Non, la sexualité n’est pas enseignée à la maternelle depuis la rentrée

Création : 24 septembre 2024

Auteur: Nicolas Kirilowits, journaliste

Relectrice : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétaire de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, août 2024

Sujette à toutes les fabulations, la théorie selon laquelle les enfants seraient éduqués à la sexualité dès la maternelle a refait surface sur les réseaux sociaux à l’heure de la rentrée. Elle est pourtant fausse.

EVARS, ce mot ne vous dit peut-être rien, pourtant il est bien connu des partisans des théories les plus farfelues sur Internet.  “Un programme EVARS va être mis à la rentrée, à partir de la maternelle”, affirme, inquiet, un internaute sur Facebook. Mais quel est ce mystérieux programme ? EVARS est en fait l’acronyme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. 

Juridiquement, l’éducation à la sexualité (EAS) – acronyme de référence et historique – est encadrée depuis 2001 par le code de l’éducation. “Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène.”, est-il notamment écrit à l’article L312-16

La rentrée 2024 a été marquée par un tournant transformant l’EAS en EVARS ? Des enfants de 3 à 6 ans se voient-ils enseigner la sexualité comme croit le savoir le post ? Comme vous vous en doutiez sûrement, la réponse est non.

Pas d’enseignement à la sexualité en maternelle

L’erreur commise ici semble trouver sa racine le 23 juin 2023. À cette date, le ministre de l’Éducation de l’époque, Pap Ndiaye, s’inquiète dans une lettre adressée au Conseil supérieur des programmes (CSP) “que les objectifs assignés par la loi, sur l’éducation à la sexualité, ne sont pas suffisamment atteints et que la mise en œuvre des séances reste très hétérogène”

Et pour cause, selon un rapport de 2021 de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), “moins de 15 % des élèves bénéficient de trois séances d’EAS pendant l’année scolaire”

Pap Ndiaye demande alors au CSP “d’élaborer, pour chaque niveau d’enseignement du cours préparatoire à la classe terminale, une proposition de programme précisant les thèmes et les notions qui devront être abordés et les compétences visées”.

De ce travail sera publié, le 5 mars 2024, un projet de programme à l’Éducation à la sexualité. Or qu’y apprend-on dès les premières pages ? Que celui-ci sera découpé principalement en deux phases. La première, concernant l’école maternelle et l’école élémentaire (jusqu’au CE2), ne mentionne « que » l’éducation à la vie affective et relationnelle (EVAR). 

Exit donc la « sexualité » et le « S » de EVARS. Celui-ci, comme on peut le lire, réapparaît à partir du CM1 en page 6, lors de la deuxième “phase”.

“Il s’agit de sensibiliser les élèves aux exigences complémentaires de liberté, d’égalité et de respect.”, précise le rapport du CSP qui base son projet pour l’école maternelle sur trois axes :  ”Se connaître, vivre et grandir avec son corps” ; “Rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir” ; “Trouver sa place dans la société, y être libre et responsable”

Un programme inchangé cette année

Ainsi, contrairement à ce qu’affirme le post Facebook, le programme EVARS ne concerne pas la maternelle. D’ailleurs, pour le moment, il ne concerne aucune strate de l’éducation nationale. 

Contacté par Les Surligneurs, le ministère de l’Éducation nous indiquait, avant l’annonce du nouveau gouvernement, que “ce projet de nouveau programme doit faire l’objet d’une présentation au Conseil supérieur de l’éducation, puis d’une publication officielle au bulletin officiel de l’éducation nationale.  Pour le moment, en raison de la dissolution et d’un gouvernement ne gérant que les affaires courantes, la présentation et la publication du nouveau programme ont été reportées. L’application du nouveau programme n’a donc pas pu être effective à la rentrée scolaire 2024.” 

En clair, pour l’année scolaire en cours, le corps enseignant doit encore faire avec les grandes lignes directrices de l’EAS, précisées par une circulaire de 2018, qui ne débute qu’à l’école élémentaire. Le programme EVARS, ou EVAR pour les plus jeunes, entrera-t-il néanmoins en vigueur dans un an ? Impossible à dire pour le moment.

La nouvelle ministre de l’Éducation, Anne Genetet, qui succède à Nicole Belloubet, qui a elle-même succédé à Amélie Oudéa-Castéra, qui a elle-même succédé à Gabriel Attal, qui a lui-même succédé à Pap Ndiaye (instigateur du nouveau programme sur l’éducation à la sexualité), n’a pas évoqué le sujet lors de son discours de passation de pouvoirs, ce 23 septembre. 

Ce n’est pas la première fois que Les Surligneurs s’intéressent à l’éducation sexuelle. Des informations ont déjà circulé sur les réseaux sociaux sur ce thème. L’une d’entre elles affirmait que l’OMS souhaitait apprendre la masturbation aux enfants de moins de quatre ans. Une autre prétendait que l’État apprenait aux élèves de 11 ans à faire des anulingus. Que ce soit l’une ou l’autre, elles étaient fausses.

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