Crédit : Ichigo121212

Éducation : un enseignant irlandais a-t-il été incarcéré pour avoir refusé d’approuver l’idéologie transgenre ?

Création : 12 septembre 2024
Dernière modification : 11 septembre 2024

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relectrice : Lili Pillot, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 4 septembre 2024

Relayé massivement, un post Facebook affirme qu’un enseignant irlandais a été arrêté, le 2 septembre dernier, “après avoir refusé d’approuver et d’affirmer l’idéologie transgenre”. L’enseignant a en réalité été incarcéré “pour avoir enfreint une ordonnance lui enjoignant de rester à l’écart de l’école”.

Dans une bataille idéologique, il y a des détails qu’il est parfois utile d’omettre pour faire en sorte que ses opinions s’imposent. Dans plusieurs publications publiées sur les réseaux sociaux en cette rentrée scolaire, c’est précisément ce qu’il s’est passé. Aussi l’histoire de cet enseignant irlandais qui se fait arrêter par la police, le 2 septembre dernier, est racontée de telle sorte à dire qu’il aurait été arrêté car il ne voulait pas se plier aux injonctions de “l’idéologie transgenre”. En résumé, il ne s’agirait que d’un libre penseur victime d’un système totalitaire.

Or dans les faits, les agents de police, visibles sur la vidéo accompagnant le post, ne sont pas intervenus pour faire appliquer une pensée unique, ordonnée par un système éducatif irlandais aux ordres de la communauté LGBTQIA+, comme le suggère la publication, mais bien pour le non-respect d’une décision de justice qui visait cet enseignant qui ne travaillait plus dans l’établissement scolaire depuis 2022.

Arrêté pour violation d’une décision de justice

En effet, comme l’a confirmé succinctement la justice irlandaise aux Surligneurs, Mr. Burke (l’enseignant) “a été incarcéré pour avoir enfreint une ordonnance lui enjoignant de rester à l’écart de l’école”, dont il avait été écarté deux ans auparavant. Une version officielle par ailleurs rappelée, et vérifiée, par de nombreux confrères français et étrangers des Surligneurs : 20minutes, Lead Stories, Logically Facts, Reuters.

Concrètement, dans cette affaire, Enoch Burke s’est opposé dès 2022 à son ancien établissement (le Wilson’s Hospital School) concernant le cas d’un élève qui avait alors entamé une transition de genre. En mai 2022, la direction de l’établissement envoyait un mail à l’ensemble du corps enseignant pour prévenir d’un changement de détermination et donc de l’utilisation du pronom “iel” (“they” en anglais) à l’égard de l’élève. Volonté à laquelle s’est opposé le fameux enseignant, comme le relate ce jugement écrit de janvier 2022.

Une affaire, des antécédents judiciaires

Le différend entre les deux parties a conduit l’établissement, quelques semaines plus tard, après une prise de parole publique de l’enseignant, à le suspendre. Il est par la suite licencié en janvier 2023, selon un article du Irish Independent. La justice, saisie dès le 30 août 2022, lui ordonnait, quant à elle, de ne plus fréquenter l’école, ni “de tenter de donner des cours ou d’enseigner à des élèves de l’école”, est-il mentionné dans le jugement cité ci-dessus.

Or, l’intéressé n’a jamais respecté l’injonction qui lui a été faite, pourtant rappelée à plusieurs reprises. Un entêtement qui l’a conduit à purger des peines de prison, comme le démontrent les jugements disponibles sur le site Internet des services de justice irlandais ou de nombreux articles de presse (en anglais) : la preuve ici, ou encore .

Contacté, l’établissement catholique n’a pas répondu aux Surligneurs.

Ainsi, s’il existe bien dans cette affaire un sujet lié à l’identité de genre, il est mensonger d’affirmer que c’est pour ce motif, et donc une opinion, que l’enseignant a été arrêté le 2 septembre dernier.

 

Une erreur dans ce contenu ? Vous souhaitez soumettre une information à vérifier ? Faites-le nous savoir en utilisant notre formulaire en ligne. Retrouvez notre politique de correction et de soumission d'informations sur la page Notre méthode.