JO : Un impact non-négligeable mais temporaire pour Paris
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relectrice : Lili Pillot, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, étudiante à l’École publique de journalisme de Tours
Source : Post Instagram, le 22 juillet 2024
Événement sans égal par son impact médiatique, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris auraient aussi le don d’agacer les habitants de la région parisienne, à en croire une publication sur Instagram. Publiée par un média qui se revendique comme tel, la série d’affirmations relève davantage d’une série d’interprétations qui mélange vérités temporaires et fausses nouvelles.
L’enchaînement de vidéos et de photos ainsi que les commentaires qui l’accompagne, sur fond de musique mélancolique, ne laissent pas de place au doute : Paris est devenu un enfer. Et le coupable est tout trouvé : les Jeux olympiques et paralympiques, selon un post publié sur Instagram.
Pourtant, après vérification des Surligneurs, s’il est indéniable que l’événement international impacte, et continuera d’impacter pour quelques semaines encore – jusqu’au 30 octobre selon cette publication de la Ville de Paris — la vie des Parisiens, il est exagéré, voire trompeur, de publier des messages tels que “adieu les balades sur les quais” ou “ils coupent les arbres pour mettre des gradins”.
Des jugements plus que des informations vérifiées
Arrêtons-nous par exemple sur la première critique émise par le post : “Paris défiguré pour les JO”, est-il certifié. Il semble clair ici qu’il ne s’agit pas d’une information, mais d’un jugement arbitraire. Un jugement d’autant plus étonnant pour un utilisateur qui se présente sur sa page Facebook comme une “société de médias/d’actualités” et qui épingle sur son compte Instagram une publication indiquant qu’il “devient officiellement un média reconnu par le ministère de la Culture”. Une allégation que confirme la plate-forme de données ouvertes du ministère de la Culture.
La capitale est-elle alors défigurée par les JO ? Impossible à dire pour un média comme Les Surligneurs si ce n’est à se risquer à prendre parti. Un argument loin d’être rebutant visiblement pour notre utilisateur qualifié comme “premier média de droite” sur Instagram par le rédacteur en chef de Frontières (ex-Livre Noir) dans cet extrait publié sur X.
Sans surprise, le gouvernement ou la Ville de Paris, garants eux de la communication de l’événement, ne voient pas les choses sous le même angle. “Depuis les bords de Seine à la place de la Concorde, en passant par la tour Eiffel, le Grand Palais et les Invalides, les compétitions se dérouleront dans des lieux iconiques au cœur de la ville”, peut-on lire par exemple sur le site info.gouv.fr. Pour ses promoteurs, les JO sont une occasion unique de mettre en valeur la capitale française.
Une circulation contrainte et temporaire
Autre reproche important, maintes fois souligné, dans la publication : les problèmes de circulation. Sur ce point, difficile de donner tort à l’auteur du post. Contrairement aux périodes estivales habituelles, lorsque la capitale se vide de ses bouchons pour déverser son flot d’automobiles sur les autoroutes du pays, cet été la circulation relèvera du défi à Paris. Entre les zones SILT (Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme), les zones bleues, grises ou rouges, mieux vaut s’armer de patience et regarder plusieurs fois ces vidéos explicatives (1 et 2) de la Préfecture de Police pour savoir ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire.
Néanmoins, d’après les informations publiées notamment par le gouvernement, les restrictions de circulations n’affecteront que les zones de compétition. Ainsi, l’Est parisien, par exemple, devrait se trouver préserver de l’effet JO. De la même manière, à l’exception des périmètres comprenant les sites mêmes de compétition et de contrôle à leur accès, “Les déplacements à pied, à vélo ou en transports en commun ne sont pas concernés par ces restrictions”, précise le site anticiperlesjeux.gouv.fr.
Pour aider un maximum les usagers à s’y retrouver dans leurs déplacements, le ministère des Transports met à disposition, quant à lui, une carte interactive évolutive avec, selon les dates, “tous les périmètres de sécurité sur les routes et les prévisions d’affluence dans les transports en commun”. Un outil qui permet de réfuter l’idée selon laquelle les Parisiens devront dire “adieu aux balades sur les quais”, comme le suggère la publication. Si leur accès était fortement restreint en amont de la cérémonie d’ouverture, il sera tout à fait possible en revanche, sur une bonne partie de leur longueur, de profiter des quais le temps du reste de la compétition.
Sur les quais encore, le post indique qu’“ils coupent les arbres pour mettre des gradins”. Une accusation, sur fond de préoccupation écologique, impossible à vérifier puisque ni de lieu précis, ni de date ne sont mentionnés. Pour le sérieux journalistique, on repassera.
Toutefois, une information similaire avait déjà circulé début juillet sur X. Pour s’opposer à la polémique naissante, la mairie de Paris avait alors affirmé sur le même réseau social que “De fausses informations circulent actuellement concernant l’abattage d’arbres à proximité de la Seine. Il s’agit d’abattages d’arbres pour des raisons de sécurité puisqu’ils menaçaient de tomber”. À ce sujet, il est également possible de lire l’article publié par nos confrères de Franceinfo.
En résumé, s’il va de soi qu’un événement comme les JO entraîne des conséquences qui peuvent être perçues comme positives ou négatives, il semble bien exagéré de dresser un inventaire apocalyptique comme le fait cette publication.
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