Crédit photo : Alexandru Manole

Israël : rien n’indique que l’attaque d’un drone le 19 juillet est liée à la “panne Microsoft”

Création : 24 juillet 2024

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, étudiante à l’École publique de journalisme de Tours

Source : Compte Instagram, 20 juillet 2024

Sans preuve, ni source, un internaute assure que la défense israélienne aurait été impactée par la panne informatique de Microsoft, l’empêchant d’intercepter un drone qui a entraîné la mort d’une personne le 19 juillet dernier. Une information qui ne correspond pas avec les premières déclarations de l’armée israélienne et qui ne repose sur aucune source, après vérification des Surligneurs.

Les réseaux sociaux, c’est bien connu, recèlent plus ou moins d’informations “top secrètes”. De celles qui pourraient faire basculer le cours d’une guerre… ou plus simplement se révéler farfelues.

Ainsi, alors que personne, ni spécialistes, ni médias, n’a fait le lien entre l’attaque subie par Israël la nuit du 19 juillet et la panne informatique qui a touché Microsoft le même jour, un utilisateur lui semble savoir que les deux sont corrélés. “Juste après cette mise à jour qui a bloqué le monde entier, le Yémen a balancé un drone sans aucune action militaire automatisée de la part d’Israël”, croit-il savoir dans une vidéo. Parlant même “d’un tournant dans l’histoire de l’humanité” et suggérant que “ça n’a rien d’une panne”. Une théorie pour le moins significative si l’on considère ses éventuelles conséquences, mais sur laquelle ne s’est pas expliqué son auteur malgré notre requête.

“Deux événements complètement indépendants”

Pourtant, après de nombreuses recherches, Les Surligneurs n’ont trouvé aucune trace d’un lien entre les deux événements. Si Israël a bien été impacté par l’incident informatique du 19 juillet dernier, comme de nombreux autres pays dans le monde, comme le prouvent ces articles en ligne, ici et , la panne “n’a pas affecté les systèmes de défense antimissiles”, assure aux Surligneurs le service presse des Forces de défense israéliennes. “Ce sont deux événements complètement indépendants l’un de l’autre”, affirme quant à lui Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale.

Pour le moment, une enquête doit déterminer pourquoi le drone n’a pas été intercepté. Daniel Hagari, l’un des porte-paroles de l’armée israélienne, précisait, lors d’une déclaration le jour de l’attaque, que “l’armée de l’air israélienne examine actuellement l’incident, y compris la raison pour laquelle aucune alerte n’a été déclenchée”. D’après lui, le missile avait bien été détecté par les systèmes israéliens. “Nous examinons les raisons pour lesquelles il n’a pas été intercepté”, a poursuivi ce porte-parole de Tsahal – nom donné à l’armée israélienne.

“Une erreur humaine”

D’après les premières informations, la panne informatique ne fait pas partie des hypothèses. Olivier Rafowicz, un autre porte-parole de l’armée, interrogé le jour de l’attaque par CNews, explique le fait que le drone n’ait pas été intercepté par, “semble-t-il, une erreur humaine et peut-être que nous devons encore mieux vérifier ce qui s’est passé”. Dans sa réponse, aucune mention de la fameuse panne informatique qui touche à ce moment-là de nombreuses entreprises, structures et particuliers dans le monde.

Dans un article daté du 19 juillet dernier, le journal Le Monde, mentionne également, par la plume de son correspondant à Jérusalem, Louis Imbert, “une erreur humaine”. Une expression employée aussi par le journal israélien Haaretz dans plusieurs de ses articles, comme celui-ci, ou encore par le média i24news, dans cet article.

Ce dernier média évoque dans un autre papier “un engin sophistiqué d’origine iranienne” qui aurait la capacité de “déjouer les systèmes de détection et de défense aérienne israéliens, soit par erreur humaine, soit grâce à une technologie de vol à très basse altitude”.

Pour Jérôme Pellistrandi, “l’erreur humaine” ou “la mauvaise interprétation” sont des pistes tout à fait sérieuses puisque, rappelle-t-il, “il ne s’écoule que quelques secondes entre le moment où l’on détecte un engin et celui où l’on décide, en pleine nuit qui plus est, de l’abattre.”

Ainsi, en tout état de cause, et eu égard aux informations collectées par Les Surligneurs, il est impossible d’établir un lien entre l’attaque qui a tué un civil à Tel Aviv et l’incident informatique qui a impliqué Microsoft.

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