L’image est choquante. Sur une séquence d’une vingtaine de secondes, dont des captures d’écran circulent sur les réseaux sociaux, un homme est hissé vers le ciel par le cou, à l’aide d’une grue. À ses pieds, des hommes crient, certains semblent exploser de joie.

Selon plusieurs internautes, cette scène représenterait l’exécution sommaire de Suleiman Hilal al-Assad, cousin de l’ancien dictateur syrien Bachar al-Assad. « Après la fuite de l’homme fort en Syrie, Bachar al-Assad, son cousin Suleiman Hilal al-Assad, vient d’être exécuté sur la place publique par pendaison », affirme l’un d’entre eux sur Facebook.

Cette publication en particulier, a beaucoup circulé en République du Congo, comme un moyen de pression et de menace sur les dirigeants du pays – notamment le président Félix Tshisekedi et le député du parti au pouvoir Augustin Kabuya.

Les publications en anglais et en arabe de cette vidéo, qui a été visionnée plusieurs millions de fois au niveau mondial, affirment que la condamnation à mort de ce proche d’Assad aurait eu lieu sur une place de la ville de Lattaquié. L’homme aurait été exécuté après la chute du régime des Assad le 8 décembre, au pouvoir en Syrie depuis un peu plus de 50 ans.

Comme a pu le vérifier un média de fact-checking arabe, d’autres publications attribuent à l’homme sur la vidéo l’identité d’Ammar al-Assad, autre cousin de Bachar al-Assad, et ancien vice-président de la commission des relations étrangères du Parlement syrien, comme le précise France 24.

Pourtant, en effectuant des recherches approfondies sur cette vidéo et son contexte, il en ressort que l’homme filmé n’est pas un membre de la famille de dirigeants. Il s’agit d’un prisonnier de droit commun, condamné à la peine de mort pour meurtre en novembre.

Homonyme d’un cousin de Bachar al-Assad condamné pour meurtre

Que ce soit pour Ammar al-Assad ou Suleiman Hilal al-Assad, cette affirmation est fausse. Pourtant, sur des images de la même scène tournées sous un angle différent - retrouvées grâce à une recherche Google image inversée - il s’avère que la personne exécutée se nomme effectivement Ammar al-Assad. Mais il s’agit en réalité d’un homonyme.

D’abord, vérifions qu’il s’agit du même endroit et du même événement. Sur la première publication qui a attiré notre attention, un bâtiment relativement identifiable se découpe en fond (encadré ici en rouge). 

On observe ce même immeuble sur la vidéo retrouvée grâce à la recherche inversée (à 21 secondes). La légende de cette seconde publication indique une localisation autre que Lattaquié.

« Ammar al-Asaad est exécuté sur la place publique de la ville de Khirbet Ghazaleh dans la campagne orientale de Deraa pour le meurtre du jeune homme Mohammad Ziyad al-Hajj Ali », rédige l’auteur de la publication Facebook, qui date du 7 décembre. Date à laquelle le régime d’Assad était justement en train de tomber. La scène est donc antérieure à la fin du règne dictatorial syrien des Assad – même de quelques heures. 

Le bâtiment en question correspond à un château d’eau, identifié par RFI, qui se trouve dans la ville de Khirbet Ghazaleh, au sein du gouvernorat de Deraa au sud-ouest de la Syrie, comme l’indique l’auteur de cette dernière publication. Lattaquié se trouve bien plus au nord, en bord de la mer Méditerrannée.

Autre moyen de vérifier qu’il s’agit de la même scène : les habits de la personne exécutée. Sur les deux vidéos, l’homme porte des habits de survêtements noirs, avec une bande blanche distinctive au niveau de la jambe. Ces éléments permettent de confirmer qu’il s’agit d’une seule et même scène, filmée sous des angles différents et par différentes personnes rassemblées dans la foule.

Mais alors, qui est Ammar al-Asaad, si ce n’est pas le cousin de Bachar al-Assad ? Selon un média du sud de la Syrie, il s’agirait d’un prisonnier condamné à la peine de mort pour avoir tué un autre homme, après un jugement rendu le 14 novembre 2024.

Sur cette publication Facebook datée d’août 2024, on peut voir une pancarte en hommage à la victime du meurtre. Elle s’appelle Muhammad Ziad Al-Hamidan Al-Hajj Ali. C’est cette même pancarte qu’on retrouve dans certaines des vidéos virales de l’exécution (à 49 secondes sur la vidéo postée le 7 décembre). Dans cette affaire, la femme de la victime aurait également participé au meurtre et aurait donc été aussi condamnée à la pendaison. 

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