Non, le visa pour l’Australie de Candace Owens ne lui a pas été refusé parce qu’elle « dérange »
Autrice : Lili Pillot, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Hugo Guguen, journaliste
Source : Compte Facebook, le 28 octobre 2024
Fin octobre, l’Australie a refusé d’accorder un visa à Candace Owens, personnalité politique états-unienne ultra conservatrice. En cause, ses propos ambigus sur la Shoah. Mais pour certains internautes, il s’agit plus d’une censure.
C’est une ancienne grande partisane de Donald Trump qui ne pourra pas se rendre en Australie. Fin octobre, le ministère de l’Intérieur australien a annoncé dans les médias que le pays refusait la demande de visa de Candace Owens, commentatrice politique ultraconservatrice états-unienne. « Candace Owens a la capacité d’inciter à la discorde dans presque toutes les directions », a déclaré Tony Burke, dimanche 27 octobre, rapporte The Guardian. En 2025, elle devait y donner plusieurs conférences dans les six plus grandes villes du pays.
Pour certains, il s’agit tout bonnement de censure. « Candace Owens voulait commencer sa tournée de conférences mondiales par l’Australie. Comme elle dérange, on lui a refusé le visa pour “antisémitisme”. Une accusation pratique et passepartout », affirme un internaute sur Facebook.
Pourtant, si on prête attention aux discours tenus par cette commentatrice de l’actualité politique, les accusations d’antisémitisme à l’encontre de Candace Owens ne sont pas de simples prétextes.
Fervent soutien de Donald Trump
Qui est Candace Owens ? Ancienne étudiante en journalisme qui a commencé sa carrière chez Vogue, selon Franceinfo, elle crée finalement sa chaîne YouTube en 2017, qui lui vaut de se faire repérer pour ses positions conservatrices et pro-Trump. Elle y compte aujourd’hui plus de 3 millions d’abonnés, contre 5,5 millions sur Instagram et plus de 6 millions sur X.
Très vite, elle se rapproche du mouvement Make America Great Again (MAGA). En 2017, elle devient directrice de la communication chez Turning point Usa, une ONG qui tente de rallier le vote afro-américain aux Républicains. Dans cette lignée, elle soutient le président sortant républicain, candidat à sa réélection en 2020.
En tant que femme noire opposée au camp démocrate, elle est à l’origine du mouvement « Blexit », contraction des mots « black » et « exit », qui consiste à inciter la communauté noire à se détacher des Démocrates.
Candace Owens est par ailleurs anti-avortement et anti-LGBT, elle s’oppose au mouvement Black Lives Matter et #Metoo et a déjà tenu des propos climatosceptiques. Elle se fait régulièrement le relais de théories conspirationnistes, récemment concernant Brigitte Macron.
Des propos qui flirtent avec le négationnisme
Candace Owens adopte aussi régulièrement un discours ambigu sur les juifs et l’Holocauste. C’est la raison pour laquelle l’État australien, puis la Nouvelle-Zélande, ont refusé de lui accorder une autorisation d’entrée sur son territoire. Une mesure, prise suite à la demande de la Zionist Federation of Australia notamment, et tout à fait légale, selon la professeure de droit constitutionnel australienne Danielle Ireland-Piper.
Dans un article pour The Conversation, la juriste explique que « le gouvernement fédéral australien a toute latitude pour décider quels non-citoyens peuvent entrer dans le pays. Hormis les droits spécifiques des personnes cherchant une protection en vertu du droit international, la capacité d’un non-citoyen à entrer en Australie est un privilège, et non un droit ».
Pour expliquer ce choix, le ministre de l’Intérieur Tony Burke a rappelé qu’elle a minimisé « l’impact de l’Holocauste par des commentaires sur le célèbre médecin nazi Josef Mengele » tout comme elle a affirmé sur X que « les musulmans ont commencé à pratiquer l’esclavage ».
Dans une vidéo postée le 2 juillet 2024, la conservatrice qualifie « d’absurdes » certains témoignages concernant les expérimentations médicales des nazis sur les juifs. Elle parle alors de « propagande bizarre ».
Au regard de ces déclarations, difficile d’estimer que le ministre australien à utiliser une excuse « passe-partout » pour empêcher l’influenceuse de se rendre en Australie. D’ailleurs, pour ces propos, Candace Owens possède désormais sa propre fiche sur le site de l’Anti-Defamation League (ADL), ONG de défense des droits de la communauté juive.
Ce positionnement lui vaudra aussi un éloignement avec une partie des sphères politique et médiatique républicaines. En conflit ouvert avec l’éditorialiste conservateur Ben Shapiro concernant la guerre au Proche-Orient et en Israël, Candace Owens a été dans l’obligation de quitter The Daily Wire, média conservateur créé par le commentateur de droite, au début de l’année 2024.
Plus récemment, elle avait émis des réserves quant à la gestion du mouvement MAGA. Comme d’autres influenceurs politiques d’extrême droite états-uniens, elle doute de la capacité de Donald Trump à mener la barque républicaine. « Je ne sais plus qui conduit le bus MAGA », a-t-elle déclaré dans un de ses podcasts.
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