Non, un véhicule sur deux ne sera pas interdit de circuler en France au 1er janvier 2025
Autrice : Lili Pillot, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Compte Facebook, le 7 novembre 2024
Sur les réseaux sociaux, une vidéo au ton alarmiste affirme que les véhicules Crit’air 3 seront interdits dans 47 métropoles françaises à partir de janvier 2025. En réalité, seules Paris et Lyon devront restreindre l’accès des routes aux Crit’air 3. Les autres villes peuvent le faire, mais n’y sont pas obligées.
Une fracture sociale de plus en perspective ? Si on en croit un discours relayé dans une vidéo, le système des zones à faibles émissions (ZFE), qui sont des territoires où la circulation de certaines voitures peut être restreinte en fonction de leur niveau de pollution, serait, en l’état actuel des choses, « une bombe à retardement social ».
La raison ? « Au 1er janvier 2025 […] 47 métropoles [seront touchés par] une interdiction de circuler pour tous les véhicules diesel avant 2011, essence avant 2006 [véhicules Crit’air 3 et plus, ndlr]. En France, c’est simple : c’est un véhicule sur deux. Un véhicule sur deux ne pourra plus circuler en France dans les grandes métropoles », s’alarme la voix d’une vidéo publiée sur TikTok à l’origine, comme l’ont révélé nos confrères de l’AFP.
La séquence a été très commentée et relayée, notamment sur Facebook et X, suscitant la colère et l’inquiétude de certains internautes. « J’ai un diesel CRITAIR 3 je n’ai aucun moyen financier de changer de voiture, on fait comment ? », s’inquiète l’un d’entre eux. « Votez EELV et vous n’aurez plus de liberté », se désole un autre.
Mais qu’en est-il réellement ? Est-ce que tous les véhicules enregistrés comme Crit’air 3 et plus seront interdits dans 47 métropoles françaises, à partir du 1er janvier 2025 ?
Ancienne interview, ancien contexte
La voix que l’on entend dans cette vidéo ne date pas de 2024, mais plutôt de 2022. Comme l’a indiqué l’AFP, le son est issu d’une des émissions « Apolline matin » sur RMC, diffusée le 14 septembre 2022. L’interviewé du jour était Pierre Chasseray, délégué général et porte-parole de l’association 40 millions d’automobilistes. Or, la situation n’était pas la même en 2022 qu’en 2024.
À l’époque, la loi climat et résilience de 2021 prévoyait « la mise en place de ZFE d’ici le 1ᵉʳ janvier 2025 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants où les valeurs de qualité de l’air recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé sont dépassées ». Soit 42 agglomérations selon le site du service public.
Toutefois, la situation a évolué depuis et la plupart des villes ne seront plus contraintes par ce dispositif, ou du moins pas entièrement.
Quatre métropoles concernées par les restrictions Crit’air 3
Il faut distinguer les ZFE effectives des territoires de vigilance. Pour les premières, ce qui concerne uniquement Paris et Lyon, les agglomérations seront obligées de suivre les règles posées par le législateur, à savoir restreindre la circulation aux véhicules Crit’air 3 et au-delà, soit les voitures diesel d’avant 2011 et les voitures essence d’avant 2006. À Paris, la ZFE sera active du lundi au vendredi de 8 à 20 heures et à Lyon 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Pour toutes les autres agglomérations, les règles seront finalement moins strictes. En mars 2024, le ministère de la Transition écologique a, par exemple, exempté les villes de Marseille, Rouen et Strasbourg du respect obligatoire du dispositif ZFE niveau Crit’air 3 à partir du 1er janvier 2025. Une exemption due à l’amélioration de la qualité de l’air sur leurs territoires en 2023.
D’une manière générale, hormis Paris et Lyon, chaque métropole doit, au minimum, restreindre l’accès aux véhicules non-classés, c’est-à-dire ceux immatriculés avant le 1er janvier 1997. Dix d’entre elles, dont la métropole de Lille, ont déjà mis en place ces territoires de vigilance. Celles qui ne l’ont pas encore fait (une trentaine selon Service public France) doivent se conformer à ces normes minimales pour le 1er janvier 2025.
Certaines font même le choix d’aller plus loin. C’est le cas de Montpellier et de Grenoble qui vont interdire, au moins partiellement, l’accès à leur territoire pour les véhicules Crit’Air 3, avec respectivement une dérogation de cinquante-deux jours et de douze jours. Toutefois, ce durcissement des règles n’était pas obligatoire et est au bon vouloir des collectivités.
Si ces mesures peuvent être discriminatoires, elles ne seront finalement pas si répandues. Et elles sont à analyser au prisme des conséquences que la pollution des véhicules peut avoir sur la santé des Français. Selon Santé publique France, « chaque année, près de 40 000 décès sont attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines (PM2,5) ». En comparaison, 3 167 personnes sont mortes d’un accident sur la route en 2023.
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