Objection votre Europe ! L’émission qui renvoie les idées reçues d’où elles viennent, en partenariat avec Amicus Radio.
Quelle est l’idée reçue ?
Angela Merkel, ou du moins l’Allemagne est aux manettes de l’Europe. C’est elle qui donne le « LA ».
D’où vient cette légende européenne ?
D’un peu partout. De France : Le Pen, Mélenchon… Presse qui fait aussi souvent le relai de cette idée. Et cela n’ira pas en s’arrangeant, l’Allemagne assurant la présidence tournante du Conseil des ministres de l’Union à partir de juillet 2020. Mais l’idée vient aussi d’Allemagne, où le sociologue Ulrich Beck a publié en 2012 : L’Europe allemande.
Comment s’est-elle répandue ?
L’Allemagne rattrape son retard dans le gain en puissance qu’elle est censée avoir du fait de son poids économique en Europe : autrefois coupée en deux, désormais réunifiée, et grande puissance industrielle, nous nous sommes arrangés en France pendant des décennies avec les faiblesses allemandes, “l’homme malade de l’Europe”, parce que ça nous permettait de tenir le haut du pavé. Inexorablement, la situation s’est inversée, alors que l’Allemagne reconstruisait lentement mais sûrement, après le choc du totalitarisme, un modèle démocratique et économique robuste.
Pourquoi cette idée plaît ?
Parce qu’elle permet à la France de se dédouaner sur l’Allemagne sur la discipline budgétaire. C’est pas moi c’est l’autre. Mais comme l’expliquait l’ancien euro-député Daniel Cohn Bendit en 2018 au journal Libération : les Allemands considèrent “qu’ils doivent faire le job pour pallier l’absence des autres capitales”.
Vrai ou faux ?
Disons que ce n’était pas l’intention du projet européen, et que l’Allemagne n’est pas très à l’aise dans cette position. Mais il est vrai, au moins en partie, que l’Allemagne a un poids politique déterminant dans l’Europe d’aujourd’hui. Il faut cependant relativiser, car on a tendance à lui attribuer toute politique qui nous déplait : discipline budgétaire, arrestation des indépendantistes catalans et j’en passe.
Production : Vincent Couronne, docteur en droit public, chercheur associé au laboratoire VIP (Paris Saclay)
Chronique : Tania Racho, docteure en droit public, enseignante-chercheuse à l’université de Picardie
Réalisation : Lucien Oriol.
Coordination et lectures : Camille Blumberg.
Cette émission est préparée avec l’aide de Pierre de Charrette, Victor Simon, Pierre Tréléa et Ebbane Vallaeys, étudiants à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et à l’université Paris Saclay (UVSQ).
Musique originale : Didier Riey (d’après le morceau “I am Europe” de Chili Gonzales (Boys noise records))
Cette émission a été coproduite par Les Surligneurs et Amicus Radio, programme original de chroniques, magazines, reportages, entretiens et documentaires, à écouter en ligne ou à télécharger. Porté par le talent et la curiosité d’une équipe d’animateurs d’horizons divers – magistrats, professeurs, journalistes, avocats – il s’applique à rendre le droit audible et accessible, par delà ses frontières disciplinaires, culturelles ou géographiques.
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