Non, les nouveaux vitraux de Notre-Dame ne représenteront pas deux hommes qui s’embrassent

Ce n’est un scoop pour personne, après l’incendie de 2019, Notre-Dame de Paris se refait une beauté. La question demeure plutôt : quelle beauté ? Sur les réseaux sociaux, une vidéo qui circule assure dévoiler en avant-première ce à quoi ressemblera un des futurs vitraux de la cathédrale parisienne : deux hommes qui s’embrassent.

Il n’en fallait pas moins pour que des internautes poussent des cris d’orfraie. “Non mais je rêve ! Comment peut-on oser ? Et bien sûr macron cautionne”, peut-on lire dans les commentaires. Ou encore un dramatique “c’est la fin…”.

Si les vitraux originaux de la cathédrale vont bien être remplacés par des plus modernes. L’image présentée dans la vidéo n’a rien à voir avec les vitraux qui seront présents dans l’enceinte ecclésiastique.

Une idée de l’archevêque de Paris

Contrairement à ce qui est présenté dans la vidéo, l’idée ne vient pas d’Emmanuel Macron, mais de l’archevêque de Paris, Monseigneur Laurent Ulrich. En décembre 2023, le président de la République s’est déclaré favorable à la demande de l’archevêque d’installer des vitraux contemporains “dans six fenêtres du bas-côté sud de la nef”, est-il précisé dans un communiqué de l’Élysée.

Emmanuel Macron affirmait alors sur BFMTV que, grâce à cette initiative, “la marque du XXIᵉ siècle” serait apportée à la cathédrale. D’après lui, les vitraux remplacés seront quant à eux transférés dans un nouveau musée “de l’œuvre de Notre-Dame de Paris”, situé sur l’île de la Cité.

Un projet largement contesté

L’annonce de ce projet avait, dès le départ, suscité d’importantes contestations. Une pétition, lancée le 10 décembre 2023 par le fondateur du magazine La Tribune de l’Art, rassemble, neuf mois plus tard, près de 230 000 signatures. Les signataires réclament que “le choix initial du ministère de la Culture de conserver les vitraux voulus par Viollet-le-Duc dans la cathédrale soit respecté”. Pour eux, pas question de faire rentrer des vitraux modernes dans l’édifice.

En juillet 2024, la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture leur a donné, en partie, raison et a émis un avis défavorable à la dépose des vitraux de Viollet-le-Duc. Son avis est pourtant consultatif, et la Commission réexaminera la proposition plus tard dans l’année.

Cette opposition à une rénovation moderne a trouvé de l’écho chez certains politiques, comme Jordan Bardella du Rassemblement national qui utilise cet exemple pour dénoncer sur X une “idéologie” et une “immodestie politique”.

Une fausse image des vitraux

Sur TikTok, une publication datée du 7 septembre 2024 avec plus d’un million de vues partage une image d’un vitrail d’un couple homosexuel qui s’embrasse. “Voici les nouveaux vitraux de Notre-Dame-de-Paris qui a brûlé”, dit avec gravité l’homme qui partage le contenu. “De l’art contemporain”, poursuit-il avant de préciser que Notre-Dame deviendra un “des lieux de cultes où on pourra adorer le diable”.

Ce laïus est bien évidemment faux. L’image utilisée pour illustrer ce propos a été réalisée par GeorgiosT et est publiée sur la plateforme Redbubble qui permet “aux artistes et designers indépendants” de vendre leurs produits. Ce poster n’est même pas un véritable vitrail, et aucune information n’a jamais été partagée concernant cette image et les vitraux de Notre-Dame de Paris.

Dans sa vidéo, celui qui partage son avis très régulièrement sur des sujets d’actualité montre une deuxième image censée être un autre des vitraux. Cette image de faux vitrail de diable vient d’une banque d’image où il est clairement indiqué qu’elle a été générée par l’intelligence artificielle.

Les vitraux qui remplaceront ceux de Viollet-le-Duc n’ont même pas encore été choisis. En décembre 2023, Emmanuel Macron avait annoncé l’organisation d’un concours, sous l’égide du ministère de la Culture, afin de décider quels vitraux seront sélectionnés. Le 4 septembre dernier, le ministère de la Culture a annoncé les huit candidatures retenues pour la deuxième phase du projet : Jean-Michel Alberola, Daniel Buren, Philippe Parreno, Yan Pei-Ming, Christine Safa, Claire Tabouret, Gérard Traquandi, Flavie Vincent-Petit.

Pas de doute : aucun GeorgiosT ne va mettre sa patte sur les vitraux de la cathédrale. Quant à savoir qui sera finalement sélectionné, rendez-vous le 8 décembre prochain. 

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